Il y a quelques semaines nous écrivions ici même une Humeur intitulée « Vivement
Malheureusement, si le Mondial a bien commencé et a bien apaisé les esprits dans un premier temps, nous étions loin d’imaginer que cette Coupe du Monde de football ne serait finalement que le reflet de la situation économique mondiale. Autrement dit, la crise est partout, même dans le foot. Ainsi, alors qu’il est généralement le théâtre d’un beau spectacle, avec de nombreux buts, des stratégies offensives et des joueurs survoltés qui « mouillent le maillot », le Mondial 2010 est pour l’instant une succession de matchs plutôt fades, avec peu de buts et peu d’enthousiasme. Bref, il est exactement à l’image de la croissance, particulièrement en Europe, c’est-à-dire molle.
Dans le prolongement de cette apathie européenne, le Mondial sud-africain marque aussi l’émergence de nouvelles puissances. Si l’Asie de l’Est et l’Afrique restent encore en retrait (à l’exception de
En revanche et à l’image de leur situation économique, les pays européens, et en particulier ceux de la zone euro, souffrent. Alors qu’ils sont déjà les parents pauvres de la croissance mondiale depuis une dizaine d’années, ces derniers prennent désormais la même place sur l’échelle du football international. Ainsi, qu’il s’agisse de l’Espagne ou du Portugal, la douleur prime et leur qualification ne se fera qu’à l’arraché (à l’heure où nous écrivons cet article, nous ne savons pas si l’Espagne s’est qualifiée). Quant à
En fait, les seuls pays eurolandais qui ont su se qualifier sans trop de difficultés sont également ceux qui ont su mettre en place des réformes économiques courageuses depuis déjà plusieurs années, en l’occurrence l’Allemagne et les Pays-Bas. Et même si elles ne sont plus aussi flamboyantes que dans les années 70-90, ces équipes restent des valeurs sûres.
Bien loin de ces performances et de cette résistance à l’adversité,
Mais comme si cela ne suffisait pas, de nombreux Français, y compris certains dirigeants politiques, restent hermétiques à la réforme et à la remise en question. Et lorsque l’on tape du poing sur la table, par exemple pour réformer la retraite par répartition qui court à sa perte ou pour essayer de relancer une équipe de foot à la dérive en quête de qualification, certains n’hésitent plus à se mettre en grève. A la rigueur, lorsqu’il s’agit d’ouvriers qui ont trimé toute leur vie pour avoir le droit de percevoir une petite retraite, cela peut se comprendre, mais lorsqu’il s’agit de jeunes millionnaires âgés de 20 à 30 ans et qui prendront leur retraite dorée à 35 ans au plus tard, cela a évidemment de quoi choquer. On retrouve là notre fameux « syndrome du pouf » (cf. le Weekly du 18 décembre 2009).
Face à ce désastre, les autorités politiques, jusqu’au sommet de l’Etat, montent évidemment au créneau et promettent que tout va changer. Cela rappelle étrangement les innombrables promesses des dirigeants politiques français qui, depuis des décennies, annoncent qu’ils vont augmenter la croissance structurelle de
C’est certainement là que réside le drame de ce Mondial : alors qu’il devait nous divertir, il nous rappelle cruellement la réalité économique mondiale : une croissance forte dans le monde émergent, une résistance américaine à toute épreuve, une zone euro en déliquescence et une France qui perd. Quelle tristesse…
Marc Touati