L’actuelle crise grecque, avec ses prolongements vers le Portugal et l’Espagne a mis en lumière le manque d’anticipation de l’Europe en matière économique. En intervenant « à chaud », sous la pression incontournable des marchés, l’Union Européenne démontre clairement les implications lourdes d’une absence de cadre institutionnel susceptible de prévenir ce type de crise. Les bricolages réalisés ces dernières semaines pour sauver
Je ne suis pas convaincu que le Fonds de Stabilisation de 500 milliards d’euros que les autorités européennes veulent mettre en œuvre (complété par les 250 milliards apportés par le FMI) soit efficace sur le moyen terme, dans la mesure où les sommes que les gouvernements européens se proposent d’apporter vont d’une façon ou d’une autre augmenter les dettes souveraines totales de l’Union Européenne. Les marchés financiers ne tarderont pas à s’en rendre compte ! Par contre, je propose la mise en place de deux instruments plus appropriés : un Fonds Monétaire Européen destiné à agir en période de crise et une Agence du Trésor Européenne, dont la vocation serait de coordonner les politiques budgétaires nationales.
De mon point de vue, la création d’un Fonds Monétaire Européen, sur le modèle du FMI (voir un précèdent éditorial), complèterait le dispositif actuel, qui comprend, d’une part
Reste à prendre un certain nombre de décisions essentielles pour le fonctionnement de ce Fonds. D’abord quel périmètre adopter ? La zone euro uniquement, ou, toute l’Union (ce qui permettrait à des pays comme
Il me semble que la création de ce Fonds Monétaire Européen aurait plusieurs avantages : il permettrait, d’une part, de se passer de l’aide du FMI (et donc d’éviter une certaine « humiliation » pour l’Europe), montrant ainsi qu’elle est assez forte pour résoudre ses propres problèmes. D‘autre part, sa présence rassurerait l’Allemagne, en évitant que ce pays se retrouve en première ligne en cas de crise dans les Etats « Club Med ». Et puis, cette nouvelle institution viendrait renforcer la cohérence de l’Union Européenne, d’un point de vue économique et permettre une convergence vers un « modèle » futur, probablement à mi-chemin entre le modèle allemand et le modèle français (mon prochain éditorial).
En parallèle, il faut réfléchir à la mise en place d’une « Agence du Trésor Européenne », qui pourrait émettre de la dette obligataire sur les marchés financiers, à la manière du Département du Trésor américain, qui place des « Treasury Bills » pour financer le déficit budgétaire des Etats-Unis.
Pour l’instant, seul
Cependant, une telle Agence pourrait intervenir, aux cotés du FME pour aider un Etat en difficulté et
Bernard MAROIS
Professeur Emérite HEC Paris
Président Club Finance HEC