En février 2010, les prix à la consommation ont augmenté de 0,6 %, soit leur plus forte progression mensuelle depuis mars 2008. Compte tenu d’une augmentation de « seulement » 0,4 % en février 2009, leur glissement annuel se tend mécaniquement de 0,2 point, atteignant un niveau de 1,3 %, un plus haut depuis novembre 2008. Présentée ainsi, l’inflation de février 2010 pourrait amener certains observateurs hâtifs à déclarer que la forte inflation est de retour dans l’Hexagone et qu’il faut donc se préparer à des lendemains difficiles en matières de pouvoir d’achat et de taux directeurs de Mais en fait, il n’en est rien. En effet, l’augmentation de février est avant tout une correction de l’effet soldes de janvier. Et pour cause : la principale origine de l’inflation de février réside dans l’augmentation de 1,1 % des prix des produits manufacturés, qui ne vient même pas compenser la baisse de 1,9 % enregistrée en janvier. Autrement dit, après avoir baissé leurs prix pendant les soldes, les distributeurs de produits manufacturés les ont logiquement augmentés en février, sans pour autant déraper. La raison en est simple : compte tenu de la faiblesse de la demande, se lancer dans une forte hausse des prix, même après les soldes, serait suicidaire. L’autre grande raison de la progression des prix en février est tout aussi « relativisable », dans la mesure où il s’agit de l’augmentation saisonnière des prix liée aux vacances scolaires : + 32,4 % pour les prix dans les hébergements de vacances et + 7,1 % pour les voyages touristiques. Conscients de la diminution potentielle des dépenses, les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration ont donc vraisemblablement préféré compenser la baisse des volumes par la hausse des prix. Solution possible à court terme mais dangereuse pour la saison prochaine. Enfin, la troisième raison principale de la hausse des prix de février est liée à l’augmentation également saisonnière des tarifs d’assurances (notamment + 2,5 % pour l’assurance automobile). En d’autres termes, les trois mobiles principaux d’augmentation des prix en février sont tous saisonniers et non extrapolables. Cela signifie donc qu’une correction baissière devrait s’observer dès le mois de mars. Ainsi, même si les prix à la consommation augmentent encore de 0,1 % en mars (hypothèse haute), leur glissement annuel ne sera que de 1,2 %. De plus, même si les prix continuent de croître de 0,2 % par mois sur l’ensemble de l’année, l’inflation annuelle moyenne ne sera que de 1,5 % en 2010. Autrement dit, l’hyperinflation n’est toujours pas pour demain. Dans certains secteurs, la déflation est même toujours présente, dans la mesure où certaines entreprises en grave difficulté sont contraintes de réduire leur prix pour ne pas disparaître, entraînant leurs concurrents dans la spirale de la baisse des prix et in fine de la diminution de l’emploi. Car, si les prix baissent, les entreprises sont obligées de réduire leurs coûts, notamment en matière d’emploi, entraînant par là même une hausse du chômage, donc une baisse de la demande et une nouvelle tension baissière sur les prix. Il ne faut donc pas se tromper d’ennemi : le danger principal ne réside pas dans un pseudo-risque de dérapage inflationniste, mais dans une faiblesse durable de la croissance et de l’emp
Marc Touati