Selon un récent sondage IPSOS / le Point, François Fillon serait le meilleur Président pour les sympathisants UMP si Nicolas Sarkozy ne se représentait pas lors de l’élection présidentielle de 2012. Selon ce même sondage, François Fillon devancerait par ordre décroissant Alain Juppé, Dominique de Villepin, Jean François Copé, Michelle Alliot-Marie et Xavier Bertrand. Celui qui récemment était considéré comme inexistant car totalement évincé par Nicolas Sarkozy renaîtrait donc de ses cendres tel un phœnix, se taillant au passage un statut de présidentiable… Soyons sérieux, nous sommes en plein film de science Fillon.
Tout d’abord, il faut prendre les sondages avec la plus extrême précaution. Rappelons le cas Balladur qui, adoubé et célébré par les médias, était déjà considéré comme élu en 1994. Le résultat ne se fit pas attendre : une campagne bâclée et une éviction dès le premier tour. Rappelons également Jospin évincé par Le Pen à la surprise générale en 2002. Si les sondages à 3-6 mois sont aléatoires, que dire des sondages à plus de deux ans ?… Ensuite, le sondage est basé sur l’hypothèse que Nicolas Sarkozy ne se représentera pas en 2012. Qui peut sérieusement penser que l’actuel Président renoncerait à un second mandat ? Dans le cas contraire, Fillon devrait attendre 2017 avec tous les aléas qu’une telle échéance peut comporter.
Se baser sur la longévité de François Fillon à la tête du gouvernement pour mesurer sa cote de popularité serait également un erreur. En effet, cette dernière s’explique tout simplement par le fait que Fillon, à l’exception de ses prédécesseurs, a été très peu exposé puisque c’est l’omni Président Sarkozy qui joue le rôle du Premier Ministre. Lorsque l’on n’est pas en première ligne, il est plus facile d’éviter les balles. Cependant, il est vrai que François Fillon jouit d’une forte cote de popularité auprès de la base UMP. Il apaise du fait de sa personnalité rassurante qui tranche avec le sanguin Sarkozy. De plus, alors que le combat des régionales s’annonce particulièrement dur pour la droite, le Premier Ministre s’est mis cette fois en danger en s’investissant de manière importante dans la bataille.
Mais qu’en sera t il en cas de défaite, voire de débâcle ?… Les militants sont en effet prêts à brûler demain celui qu’ils encensaient aujourd’hui. Qui plus est, il ne faut jamais oublier que la popularité en politique est aussi fragile qu’éphémère. Quand bien même la tentation de l’Elysée s’emparerait de François Fillon qui, porté par les sondages, déciderait de s’opposer à Nicolas Sarkozy (à l’instar de Balladur avec Chirac en 1995) l’actuel chef du gouvernement n’est absolument pas de taille à l’emporter contre Sarkozy. En effet, alors que le Président est un poids lourd de la politique, François Fillon, malgré ses qualités, est un poids moyen. Les deux hommes ne jouent pas dans la même catégorie. De plus, le discret Fillon aura t il la fougue et la hargne suffisantes pour se lancer dans une campagne présidentielle qui n’a rien d’une sinécure ? Rien n’est moins sûr, rappelons-nous Jacques Delors en 1994. Si le Premier Ministre est progressivement en train de gagner ses gallons d’homme d’Etat, songer à l’élection présidentielle, malgré le tapage médiatique actuel, demeure donc de la pure fiction. Si François Fillon est particulièrement apprécié pour ses qualités d’écoute, il ferait bien de ne pas trop écouter les sondages…
La phrase de la semaine :
«N’en faites pas trop, il peut perdre son poste de premier ministre…» de François Hollande aux journalistes à propos de François Fillon. (Les échos).