France : un chômage qui fait peur…

10 %. Une bien piètre performance pour le taux de chômage français qui atteint désormais un sommet depuis le quatrième trimestre 1999. Au-delà de ce triste résultat, c’est surtout la rapidité de la hausse du chômage qui a de quoi inquiéter.

Ainsi, il y a tout juste deux ans, au premier trimestre 2008, ce dernier ne représentait que 7,5 % de la population active. Une telle dégradation en si peu de temps est donc exceptionnelle.

Et ce, d’autant que le papy boom (c’est-à-dire les nombreux départs à la retraite des personnes nées pendant le baby boom) a mécaniquement freiné la progression de la population active et, avec elle, la hausse du chômage.

Cela signifie donc que si la population active avait continué d’augmenter au même rythme que dans les années 90, le taux de chômage français aurait au moins atteint les 12 % aujourd’hui.

En outre, si le papy boom a limité la détérioration du marché du travail, il n’a pas pour autant soutenu le pouvoir d’achat pour la simple raison qu’en partant à la retraite, les « papy boomers » enregistrent souvent une nette baisse de leurs revenus. Cela signifie donc que la limitation de l’augmentation du chômage n’entravera que modérément la dégradation du pouvoir d’achat.

De l’autre côté du prisme du marché du travail, la situation est encore plus dramatique, puisque le taux de chômages des moins de 25 ans a de nouveau augmenté au quatrième trimestre 2009 pour atteindre 24 %, un nouveau sommet historique. En d’autres termes, même si les pouvoirs publics ne manqueront pas de souligner que la forte hausse du chômage est due à la crise internationale, cette interprétation reste restrictive et trop facile.

En effet, la crise n’a fait que rappeler les carences structurelles du marché du travail français. A savoir, en premier lieu, une mauvaise adéquation entre les diplômes et formations et les besoins des entreprises.

A cette faiblesse dramatique viennent se greffer deux autres freins. D’une part, un manque de mobilité sectorielle et géographique. D’autre part, des coûts hors salaire exorbitants et des rigidités réglementaires structurelles qui imposent aux entreprises de réfléchir à deux fois avant d’embaucher.

Dans ce cadre, en dépit d’un petit rebond de croissance et d’une quasi-stabilisation de la population active cette année, le taux de chômage français devrait rester autour des 10 % sur l’ensemble de 2010, même si une petite baisse devrait néanmoins avoir lieu d’ici la fin d’année.

 

Marc Touati