Un nouveau Sarko ?

Alors que les élections régionales approchent à grand pas, le climat à l’UMP n’est pas à la fête. En effet, même si la vague rose est loin d’être certaine, ces élections pourraient fortement ressembler à la chronique d’une défaite annoncée pour le parti présidentiel. Car si les Français sont de perpétuels insatisfaits, ce sont surtout les champions de l’alternance en matière électorale. Que ce soit à gauche ou à droite, les élections dites «mineures» sont généralement l’occasion pour nos compatriotes de manifester leur mécontentement face à la politique mise en oeuvre par le pouvoir en place… En l’occurrence, Nicolas Sarkozy est bien dans le collimateur. Alors que le calendrier des législatives est calqué sur celui des présidentielles, le seul moyen qu’ont les Français d’exprimer leur désaccord sont bien les élections intermédiaires. N’ayant pas remporté une élection présidentielle depuis 1988, la gauche est devenue la championne de ce type d’élections.

 

Or, face à un scénario apparemment cousu de fil blanc, il semble que Nicolas Sarkozy soit en retrait et ne fasse rien pour tenter d’inverser la tendance. Celui que l’on surnommait «speedy Sarko» ou encore l’omni-président présent sur tous les fronts, rechignant à déléguer, aurait il perdu le goût du combat? Nicolas Sarkozy à qui l’on reprochait de désacraliser la fonction, de s’afficher en Président partisan et de dresser les Français les uns contre les autres, aurait-il finalement endossé les habits présidentiels en prenant de la hauteur? C’est en tout cas ce qu’il s’efforce de faire, loin des querelles électorales, en s’affichant notamment au Rwanda. Il fait ainsi d’une pierre deux coups, tout d’abord en s’humanisant face à ceux qui critiquent sa personnalité, puis en prenant une dimension internationale qui lui faisait un peu défaut. En réalité, depuis qu’il a pris le pouvoir, Nicolas Sarkozy a mis du temps à habiter réellement la fonction.

 

Mais que l’on se rassure, s’il n’est plus tout à fait le même, il n’est pas encore tout à fait autre. Le Président, qui supporte peu la contradiction et écoute rarement ses conseillers, semble avoir cette fois ci suivi les conseils de ses spécialistes en communication. Ainsi, en limitant les apparitions, il limite mécaniquement les risques de dérapage. De plus, crédité d’une faible cote de popularité, il aurait tout à perdre de s’impliquer dans un scrutin qui a bien sûr une portée nationale. Critiqué sur le domaine de la sécurité (nombre de délits contre les personnes en hausse), critiqué pour avoir trop soutenu les banques, devant faire face à une conjoncture économique très difficile, le Président prend de la hauteur, ou bien se fait tout petit. Une fois de plus, c’est une question de perception… Celui qu’on a caricaturé en lapin Duracell a toujours toutes ses batteries mais ne souhaite pas les vider trop vite en multipliant les interventions. En effet, au delà des régionales, les élections présidentielles sont dans bientôt deux ans, autant dire demain…

 

 

La phrase de la semaine :

«Le problème grec n’est pas encore réglé. La situation de l’Espagne et du Portugal est inquiétante et celle des finances de l’Italie préoccupante. Il ne faudrait pas que tout s’effondre, parce que la crise de 29 ce serait de la rigolade à côté.» de Nicolas Sarkozy.

rôme Boué