Gargantuesque ! Tel est l’adjectif qui pourrait caractériser la consommation des ménages français en décembre 2009. En effet, en dépit du chômage, de l’augmentation des prix des matières premières, du climat social difficile, des craintes liées à la grippe H1N1 ou encore du mauvais temps, les ménages français ont dépensé sans compter en fin d’année. Ce qui se traduit par une augmentation de la consommation en produits manufacturés de 2,1 % en décembre et de 3 % sur l’ensemble du quatrième trimestre 2009. Pour retrouver une progression trimestrielle plus importante, il faut remonter au troisième trimestre 1999. Conséquence logique de cette flambée, le glissement annuel de cet agrégat atteint désormais 5,9 %, un plus haut depuis juin 2000.
L’origine de cette fièvre acheteuse porte un nom désormais bien connu, en l’occurrence « prime à la casse ». En effet, les Français ont profité de cette aide conséquente pour changer de voiture, ce qui se traduit par une augmentation de la consommation automobile vertigineuse : + 9,1 % en décembre, + 12,6 % sur le quatrième trimestre 2009 et + 31,8 % en glissement annuel, un sommet depuis les + 37,3 % et les + 77,9 % d’août et septembre 1996. Ces records correspondaient à la prime à la casse du gouvernement Juppé, également appelée Jupette. Comme quoi, les gouvernements changent, mais les recettes restent les mêmes.
Toujours est-il que devant un tel succès, une question est désormais sur toutes les lèvres : une telle fringale de consommation en particulier dans l’automobile va-t-elle pouvoir perdurer en 2010 avec l’arrêt, certes progressif, de la prime à la casse ? La réponse est évidemment négative. L’exemple des Jupettes est d’ailleurs cinglant, puisqu’après l’euphorie de 1996, la consommation automobile s’est effondrée l’année suivante, son glissement annuel atteignant – 36 % en septembre 1997, un plus bas historique. Il faut donc malheureusement voir la réalité en face : les concessionnaires automobiles ont mangé leur pain blanc au second semestre 2009 et doivent maintenant se préparer à des lendemains difficiles.
Au niveau de la consommation globale, les évolutions seront certes mois abruptes mais néanmoins similaires. En effet, après avoir profité des soldes de janvier, les ménages devraient être plus parcimonieux jusqu’aux soldes d’été. Pour autant, la consommation ne s’écroulera pas, dans la mesure où elle restera soutenue par trois facteurs principaux. Primo, des promotions permanentes de la part des commerçants qui ont bien compris que la consommation était tirée par les rabais. Secundo, le maintien d’une perfusion publique toujours très forte au moins jusqu’en 2012. C’est encore ce qu’a confirmé le Président français dans son émission de télé du 25 janvier en soulignant qu’il n’abandonnerait personne. Sous entendu : le déficit public restera élevé pour assurer la paix sociale. Tertio, avec un taux d’épargne de 17 %, les ménages continueront de puiser dans cette dernière pour maintenir un niveau de dépenses élevé.
En conclusion, la consommation restera le premier moteur de l’économie française et devrait progresser d’environ 1,5 % en 2010, ce qui sera également le niveau de la croissance hexagonale cette année.
Marc Touati