Philippe Seguin : départ d’un homme d’Etat passionné.

Philippe Seguin restera indiscutablement une des grandes figures politiques de la cinquième république. Véritable homme d’Etat et de convictions, ce fut avant tout un républicain convaincu et probablement un des derniers gaullistes. Doté d’une intelligence hors du commun, cet homme de convictions était également pourvu d’un caractère en acier trempé. Ministre des affaires sociales et de l’emploi lors de la première cohabitation, il se distingua en 1989 en prenant part au groupe des douze « rénovateurs » RPR et UDF qui œuvraient pour une relève de génération à l’occasion des élections européennes. Electron libre au sein du RPR, il fit même alliance avec Charles Pasqua en 1990 pour tenter de conquérir le RPR, sans succès…

 

Deux ans plus tard, les convictions chevillées au corps, il se joint à Charles Pasqua pour partir en campagne contre Maastricht alors que Chirac et Juppé œuvrent pour le oui au référendum… Les rapports de Philippe Seguin avec ces derniers se sont alors considérablement tendus mais le ressort ne s’est jamais cassé. En effet, lors du choc fratricide entre Chirac et Balladur en 1995, Philippe Seguin fit passer sa loyauté envers Chirac avant tout, puisqu’il fut l’un des seuls avec les « deux Alain » (Juppé et Madelin) à ne pas céder aux sirènes du candidat Balladur, dont l’élection parue longtemps gagnée d’avance. Malgré le travail de sape de Nicolas Sarkozy chargé de la campagne de Balladur, Philippe Seguin n’a jamais agi par opportunisme politique mais toujours selon ses convictions personnelles. Homme de passion, il s’est toujours engagé pleinement dans les batailles qu’il a menées.

 

Passionné de ballon rond, il a d’ailleurs mené sa vie politique à l’image d’une partie de football. Jouant collectif quant il le fallait, il n’hésita pas à jouer individuellement quand ses convictions le commandaient, usant parfois de tacles mémorables servis par un esprit très fin et souvent féroce. Malheureusement, son caractère imprévisible et ses sautes d’humeur légendaires lui attirèrent souvent les foudres du capitaine de l’équipe RPR. Ce dernier ne put jamais complètement apprivoiser cette personnalité forte et complexe capable d’exploser à tout moment. De fait malgré son talent et ses qualités politiques indéniables reconnues par l’ensemble de la classe politique, ce brillant avant centre fut souvent mis hors jeu par Jacques Chirac. Il resta en effet en marge de la république alors qu’il avait toutes les qualités pour en devenir le Président.

 

La phrase de la semaine :

« Nicolas Sarkozy me fait penser à un boxeur qui serait aussi dentiste. Au pouvoir il vous démolit le portrait. En campagne électorale il vous propose de vous refaire les dents.» De Marie Georges Buffet lors des ses vœux pour 2010.

 

rôme Boué