L’inflation est bien de retour dans l’Hexagone. En effet, après être repassé en territoire positif en novembre (ce qui ne s’était plus produit depuis avril 2009) à + 0,4 %, le glissement annuel des prix à la consommation a continué de croître en décembre, atteignant + 0,9 %, un plus haut depuis février 2009.
Cette remontée est tout à fait logique, dans la mesure où elle s’explique par l’augmentation des prix énergétiques au cours des derniers mois, alors qu’un an plus tôt ces même prix connaissaient une nette tendance baissière. Ainsi, en dépit d’une baisse de 0,4 % en décembre 2009, les prix énergétiques dans l’Hexagone ont augmenté de 2,5 % au cours des cinq derniers mois de l’année, alors qu’un an plus tôt, c’est-à-dire d’août à décembre 2008, les prix énergétiques avaient baissé de 17,2 %. Très logiquement, le glissement annuel de cette catégorie de prix est passé de – 18,3 % en juillet dernier à + 1,1 % en décembre.
Cette évolution a évidemment pesé sur l’indice global des prix à la consommation, puisque ce dernier a progressé de 0,8 % d’août à décembre 2009, alors qu’il baissait de 0,9 % sur les cinq derniers mois de 2008. Mécaniquement, le glissement annuel des prix à la consommation est alors passé d’un plus bas historique de – 0,7 % en juillet à + 0,9 % en décembre.
Cette remontée logique ne doit cependant pas être exagérée. Tout d’abord, parce qu’en dépit de cette reflation du second semestre, l’inflation annuelle moyenne hexagonale n’est que de 0,1 % en 2009, ce qui reste un plancher historique.
Ensuite, même si cette tendance haussière de l’inflation devrait se poursuivre et même s’intensifier en 2010, elle devrait restée limitée. Ainsi, selon nos prévisions, le glissement annuel des prix à la consommation devrait se stabiliser autour des 1,3 % de janvier à août prochains pour terminer l’année vers 1,9 %. Cela se traduira par une inflation annuelle moyenne d’environ 1,5 % en 2010.
Il n’y aura donc pas de quoi faire tinter les sirènes de l’hyperinflation. Et ce, pour au moins trois raisons. Primo, en dépit d’un redémarrage appréciable, la croissance restera molle, limitant par là même l’inflation par la demande et les tentations d’augmentation des prix par les entreprises. Secundo, le chômage demeurant élevé sur l’ensemble de l’année 2010, il empêchera toute forte hausse des salaires et par là même des prix. Tertio, compte tenu d’une concurrence française et internationale extrêmement féroce, les entreprises ne pourront augmenter leurs prix significativement sous peine de perdre des parts de marché.
Voilà pourquoi, il ne faut surtout pas se tromper d’ennemi en 2010 : le principal danger ne sera pas le retour de la forte inflation, mais résidera dans le maintien d’une croissance trop molle pour permettre un rebond durable et significatif des créations d’emplois. Ne l’oublions pas : mieux vaut 3 % d’inflation associée à une croissance réelle (donc hors prix) de 3 % et un taux de chômage de 6 %, qu’une inflation de 1 %, avec une croissance de 1 % et un taux de chômage de 10 %. Espérons que les dirigeants français et eurolandais sauront faire le bons choix en 2010.
Marc Touati