Après un an d’amélioration quasi-continue et quatre mois consécutifs d’augmentation, l’indice du moral des ménages français calculé par l’INSEE a marqué le pas en décembre, perdant un point. Si cette évolution fâcheuse gâche un peu la période des vœux, elle ne doit pas non plus être exagérée. En effet, avec un niveau de – 31 en décembre, cet indicateur reste encore supérieur de treize points à son niveau de décembre 2008 et de 16 points par rapport à son plancher historique de juillet 2008.
De même, en perdant également un point en décembre, l’indicateur de « l’opportunité de faire des achats importants » affiche un niveau de – 20, soit 15 points de mieux qu’en décembre 2008, 19 points au-dessus du point bas de juillet 2008 et seulement 7 points de moins que sa moyenne de long terme. Autrement dit, à la veille du début des soldes, les ménages français apparaissent toujours prêts à profiter des promotions et à consommer massivement dans les prochaines semaines.
Et ce, d’autant que leurs craintes d’augmentation du chômage continuent de reculer, passant d’un sommet de 93 en juillet dernier à 61 aujourd’hui. En d’autres termes, en dépit des dangers et des funestes prévisions consensuelles, les Français ne cèdent toujours pas aux sirènes des Cassandres et gardent une forte dose d’espoir pour 2010.
Pour autant, il ne faudrait pas non plus tomber dans l’angélisme. Ainsi, la baisse, même limitée, de la plupart des indicateurs de l’enquête d’opinion des ménages indique que ces derniers demeurent fragiles et auraient du mal à affronter de nouvelles déceptions. Dès lors, après la perfusion des primes automobiles et le soutien des soldes, leurs dépenses de consommation devraient reculer pour la fin de l’hiver, avant de reprendre des couleurs à partir des promotions de mai-juin.
C’est là tout le problème de l’économie française : compte tenu d’un emploi moribond et d’un pouvoir d’achat anémié, les ménages sont contraints d’attendre les périodes de rabais et autres soldes pour retrouver le chemin de la dépense.
Dans ce cadre, la consommation privée devrait progresser au même rythme que le PIB, c’est-à-dire autour de 1,5 % sur l’ensemble de l’année 2010. La reprise sera donc bien là, mais la mollesse économique aussi.
Marc Touati