Sarkozy : candidat potentiel mais pas primaire…

Le retour de Nicolas Sarkozy se précise de plus en plus, qu’il s’agisse de propos off, des annonces des médias ou encore des déclarations très explicites de Bernadette Chirac. Une question essentielle se pose désormais, celle des primaires pour désigner le candidat UMP à la présidentielle de 2017. Deux camps s’opposent sur la question : les ténors de l’UMP, et notamment François Fillon, Alain Juppé ou Xavier Bertrand qui sont pour une mise en place des primaires, par ailleurs inscrites dans les statuts de l’UMP. Face à eux, Nicolas Sarkozy, soutenu par ses plus fidèles partisans (Henri Guaino, Brice Hortefeux etc…) n’entend absolument pas s’y soumettre.

On ne peut pas accuser l’ex-chef de l’Etat d’inconsistance sur sa prise de position concernant les primaires comme mode de désignation d’un candidat à la fonction suprême. En effet, dès 2006, le futur candidat à l’élection présidentielle s’est opposé aux primaires du PS qu’il considérait comme non conformes à l’esprit de la Vème République… : « La Vème République ne peut être l’otage des partis politiques et le candidat pris en otage par son parti. Le général de Gaulle a voulu une élection à deux tours, pas à quatre tours. » Aujourd’hui, alors qu’il est directement concerné par la question, Nicolas Sarkozy a également des arguments plus personnels. Tout d’abord, il estime à juste titre que son statut d’ancien président de la République le place au-dessus de la mêlée. Il est sur ce point totalement soutenu par son ancienne plume et conseiller spécial Henri Guaino qui affirme : « Je ne vois pas comment un ancien Président de la République, qui a incarné la nation toute entière, pourrait revenir en arrière en commençant par s’enfermer dans un camp pour ensuite revenir vers tous les Français. »  

S’ajoute à cela l’ego gonflé à l’hélium de Sarkozy qui ne peut imaginer une seconde descendre dans l’arène pour débattre avec son ancien Premier ministre ou un ancien de ses ministres comme Xavier Bertrand. Outre son statut d’ex-chef de l’Etat, il estime qu’il ne joue absolument pas dans la même catégorie que ceux qu’il considère comme des seconds couteaux ne lui arrivant pas à la cheville. Il a d’ailleurs tout à perdre dans un tel exercice où en cas de défaite, l’humiliation s’ajouterait à l’échec.  Une nouvelle guerre des chefs se profile donc à droite, respectant ainsi une longue tradition de duels fratricides dont les plus célèbres ont opposé Valery Giscard d’Estaing à Jacques Chirac et ce même Chirac à Edouard Balladur.

En réalité, la question des primaires prendra toute sa signification au moment où, le cas échéant, Nicolas Sarkozy franchira le Rubicon et annoncera officiellement sa candidature. S’il est manifeste qu’il est habité par un ardent désir de retour motivé par la soif du pouvoir, son désir de revanche et ses ambitions pour la France, il ne le fera que s’il estime que toutes les conditions sont favorables. Adepte des études et des sondages en tous genres, l’ancien chef de l’Etat jaugera au millimètre sa cote de popularité et la température de l’opinion après les élections européennes. Plus le score du FN sera élevé et plus les conditions d’un retour de Sarkozy seront propices. La question se posera en effet alors de savoir quel est l’homme politique le mieux placé pour battre Marine Le Pen en 2017.  

S’il souhaite se mettre en situation, l’ancien chef de l’Etat devra incarner la rupture… avec le Sarkozy que les Français ont connu de 2007 à 2012. Rupture notamment en matière d’image et de promesses non tenues. Mission impossible pour beaucoup, challenge réalisable pour d’autres. Les élections présidentielles  nous ont souvent montré qu’en politique rien n’est impossible. A suivre…      

 

La phrase de la semaine :

« Nicolas Sarkozy apparaît comme une évidence, et peut-être même comme une espérance »  de Brice Hortefeux.

 

rôme Boué