Petites bouffées d’oxygène pour Hollande

Comme le montrent les récents évènements, la France va de plus en plus mal. Ce fut tout d’abord le député-maire UMP de Châteaurenard avec deux autres personnes blessés à coups de couteau lors des cérémonies du 11 Novembre, et le même jour les huées contre François Hollande sur les Champs Elysées. Un précédent sans gravité mais extrêmement symbolique et révélateur du climat qui règne actuellement. Ensuite on eut droit aux insultes raciales envers Christiane Taubira, puis la couverture honteuse du Journal Minute : “Maligne comme un singe, Taubira a retrouvé la banane”. Comme le disait fort justement Pierre Desproges : « Il est inutile de s’embêter à lire tout Sartre, il suffit de lire “Minute”, vous aurez à la fois la nausée et les mains sales”. » Blague à part, un climat de plus en plus pesant s’installe dans notre plus si douce France…

Enfin, la goutte d’eau qui faillit faire déborder le « Valls », un tireur fou qui pendant plusieurs jours a créé une psychose dans la capitale, nous rappelant le célèbre film de Jean Paul Belmondo : « Peur sur la ville». Passage à l’acte, chasse à l’homme, un scénario qui n’est pas sans rappeler l’affaire Merah. Compte tenu du climat économique et social actuel, la France n’avait vraiment pas besoin de cela et François Hollande plus impopulaire que jamais, non plus. Heureusement pour le Président, deux évènements ont surgi au pire moment pour lui donner une bouffée d’oxygène temporaire.

Le premier est cette victoire miraculeuse de la France face à l’Ukraine. On le sait, le foot tient une place particulière dans le cœur de grand nombre de nos concitoyens et une défaite synonyme de non- participation à la coupe du monde au Brésil n’aurait fait que rajouter de la noirceur à la noirceur actuelle. Hollande en chute libre en a profité pour se rattraper aux branches et faire un parallélisme avec sa situation. Ainsi, avant le match, de nombreuses critiques fusaient contre l’équipe de France considérée comme n’étant pas à la hauteur et ayant perdu tout crédit après la contre-performance du match aller. La victoire était quasi impossible à décrocher à l’image du programme de Hollande pour redresser le pays. Eh bien les tricolores ont montré qu’il ne fallait jamais désespérer, qu’il fallait rester confiant et positif, bref qu’impossible n’était pas français… Cette victoire symbolisant également le passage de l’enfer au paradis est un message que le Président souhaitait faire subtilement passer aux Français. Mais la réalité reste beaucoup plus sombre. Tout d’abord, il ne s’agit pas d’une victoire à la coupe du monde mais d’une qualification, ce qui n’est pas vraiment la même chose en termes d’impact. Ensuite, une fois la joie voire l’euphorie retombées, la réalité économique et sociale reprend très rapidement le dessus.

Le deuxième « rayon de soleil » pour le Président de la République provint de l’arrestation du tireur fou Abdelhakim Dekhar. Cette interpellation donna l’occasion à Hollande de vanter la qualité des services de police et de justice si souvent remis en cause ses derniers temps. Il faut dire que Dekhar a « baladé » pendant quelques jours les forces de l’ordre qui avaient pourtant sorti l’artillerie lourde. Même si son arrestation revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin, la perception auprès des Français était désastreuse. Qui plus est, cet homme était connu des services de police pour des faits remontant à 1994. Une fois encore, une arrestation tardive voire une évaporation de l’individu n’aurait fait qu’accroître la défiance ambiante à l’égard du pouvoir en place.

Malheureusement, sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, dans le contexte actuel, des faits similaires pourraient bien se reproduire dans un futur proche. En effet, certains de nos concitoyens ont atteint leur limite face au chômage de masse, au manque de croissance et surtout au manque de perspectives. Nous sommes progressivement en train de passer des angoisses à la colère puis à la haine, et enfin au passage à l’acte. A l’image du film « Chute libre » avec Michael Douglas où un citoyen normal mais acculé par les difficultés financières et familiales prend les armes et devient incontrôlable.

Certes, les élections municipales et européennes seront un moyen d’expression des mécontentements mais force est de constater que beaucoup de Français n’accordent plus de crédit à la parole des politiques. Face aux carences de l’Etat régalien en terme de justice, de sécurité et d’emploi, la tentation est grande de fixer ses propres règles et de passer à l’acte.

François Hollande devrait donc essayer de profiter au maximum des petites bouffées d’oxygène dont il dispose aujourd’hui car malheureusement elles pourraient très vite se transformer en bouffées d’angoisse.

 

La phrase de la semaine :

«Quand ça va bien, on devrait se rappeler que ça ne va pas durer ! Et, quand ça va mal, on peut penser que ça pourrait aller plus mal… » De François Hollande.

 

rôme Boué