BCE : un service minimum, toujours insuffisant…

Alors que, quelques minutes avant la fin du comité de politique monétaire de la BCE, une fausse rumeur faisait état d’une baisse de 0,5 point du taux refi, c’est finalement une réduction de 0,25 point qui a été décidée.

En d’autres termes, la BCE a préféré le service minimum. Bien sûr, c’est mieux que rien. Pour autant, en maintenant un différentiel de 0,25 point avec le taux objectif des federal funds, la BCE empêche l’euro/dollar de se déprécier significativement.

A l’annonce du nouveau taux refi, l’euro s’est même apprécié à plus de 1,32 dollar. Or, il faut être clair : tant que l’euro ne passe pas sous les 1,20 dollar (le niveau idéal étant même de 1,15 dollar), la zone euro n’a quasiment aucune chance de sortir de la récession.

Dès lors, après avoir déjà atteint un nouveau sommet historique à 12,1 % en mars, le taux de chômage continuera d’augmenter. Il devrait atteindre sans difficulté les 13 % d’ici la fin 2013.

Dans ce cadre, les déficits publics vont rester élevés et la dette va continuer de flamber.

Des évolutions qui finiront forcément par susciter une nette augmentation des taux d’intérêt des obligations d’Etat. Ce qui, à son tour, aggravera la récession, le chômage, donc les déficits… et le cercle pernicieux continuera.

Certes, en maintenant les opérations de refinancement à long terme (LTRO) jusqu’à la mi-2014, la BCE continuera d’inonder le marché interbancaire de liquidités.

Mais, cela ne sera pas suffisant pour permettre de relancer la croissance. Et pour cause : prises en tenaille par une réglementation de plus en restrictive en matière de prise de risque (Bâle III), les banques continueront de privilégier le financement des Etats, en délaissant le secteur privé.

C’est ce que l’on appelle « l’effet d’éviction », qui alimentera la faiblesse de l’activité économique globale.

Pour sortir de cette spirale, il faudra forcément que la BCE finisse par financer en direct les Etats et qu’un assouplissement des conditions réglementaires soit engagé.

De la sorte, les banques pourront enfin retrouver leur rôle premier, en l’occurrence le financement du secteur privé, qui s’accompagne inévitablement d’une certaine prise de risque.

Voilà pourquoi si l’on peut se féliciter que Mario Draghi continue d’essayer de sauver la zone euro, il reste encore loin du compte.

En fait, il ne fait que gagner du temps, sachant qu’avec un euro trop fort et une récession qui s’éternise, la zone euro ne pourra pas sortir de la crise de la dette publique et plus globalement restera engluée dans sa crise existentielle.

 

Marc Touati