Or, France, Zone euro : quel plombage ! (E&S n°251)

Humeur :

Patrimoine, budget, croissance : Pauvre France !

Après la déplorable affaire Cahuzac et la mascarade du patrimoine des Ministres, le gouvernement français essaie encore de nous endormir. On ne peut donc que constater la débauche de moyens marketing pour essayer de nous faire croire que tout va bien dans notre douce France.

L’enchaînement des évènements est presque parfait : d’abord, nous avons appris qu’à l’exception de 8 d’entre eux, tous les ministres actuels de la République française n’ont quasiment pas de patrimoine, voire qu’ils ont du mal à joindre les deux bouts. Quelle tristesse ! Le lendemain, ce fut au tour de Jérôme Cahuzac de faire son mea culpa avec des larmes de crocodiles particulièrement pathétiques et bien peu crédibles. Enfin, avec un aplomb incroyable, Pierre Moscovici, le ministre de l’Economie pour encore quelque temps, a affirmé que la France allait tenir ses engagements, que la croissance allait très vite revenir et que les déficits publics allaient fondre. En un mot : formidable !

Seulement voilà, avec les prévisions économiques du gouvernement (celui-ci comme ses prédécesseurs d’ailleurs), c’est un peu toujours la même rengaine : on aimerait bien y croire, mais chacun sait que les promesses ne seront pas tenues.

Ainsi, dès 2013, en s’obstinant à annoncer une croissance de 0,1 % et un déficit public de 3,7 % du PIB, le gouvernement refuse d’admettre l’évidence : la récession est en train de s’aggraver et le PIB baissera d’au moins 0,3 % cette année. Le chômage continuera donc de flamber et le déficit public atteindra 4,5 %.

En fait, avec un euro à 1,30 dollar et des prélèvements obligatoires à plus de 46 % du PIB, la France n’a quasiment aucune chance de retrouver le chemin d’une croissance durablement supérieure à 1 %. C’est en cela que les prévisions d’une croissance annuelle moyenne à 2 % de 2015 à 2017 ont de quoi faire sourire, ou plutôt pleurer. C’est d’ailleurs la prévision que les différents gouvernements annoncent depuis des années pour pouvoir justifier leurs objectifs de réduction des déficits et de la dette. Or, depuis dix ans, la croissance annuelle moyenne du PIB français a été de 1 % et depuis cinq ans de 0 %. Nous sommes donc très loin du compte.

Et malheureusement, ce n’est pas en augmentant encore la pression fiscale, notamment en 2012 et 2013 que la croissance va revenir. Pis, il s’éloignera de plus en plus. Il faut arrêter de prendre les Français pour des enfants de cœur : la croissance ne tombe pas du ciel. Or, rien n’est prévu pour la restaurer dans les prochains trimestres.

De même, lorsque le gouvernement nous promet une baisse des dépenses publiques, est-il encore crédible ? L’an passé par exemple, en dépit d’un engagement gouvernemental d’une stagnation des dépenses de fonctionnement de la puissance publique, ces dernières ont augmenté de 9,4 milliards d’euros, soit une progression de 2,5 %.

Quant à la dette publique, si déjà le gouvernement annonce officiellement qu’elle atteindra plus de 94 % du PIB en 2014, cela signifie qu’il faut d’ores et déjà se préparer au franchissement de la barre des 100 % l’an prochain.

Autrement dit, à côté de ses déficits publics et commerciaux, la France pâtit aussi d’un déficit de crédibilité.

Pour le moment, ce dernier ne porte pas trop à conséquence dans la mesure où les taux d’intérêt des obligations d’Etat restent faibles. Cependant, lorsque les investisseurs vont vraiment réaliser l’ampleur du décalage entre les promesses et la réalité, la sanction risque d’être lourde. Les taux d’intérêt obligataires se tendront alors nettement (vers les 4 % pour le taux à dix ans), ce qui ne manquera pas d’aggraver la récession et de remettre la réalisation des prévisions du gouvernement aux calendes grecques…

Si la France n’est pas encore la Grèce, elle en prend clairement le chemin…

Plus que jamais la pétition www.SauvezLaFrance.com est une véritable nécessité. Elle fonctionne déjà très bien. Mais l’omerta française et les ravages du politiquement correct en limite encore la portée. Ce n’est certes qu’une question de temps, mais le problème est que d’ici l’automne prochain, il sera déjà trop tard et la France ne pourra plus éviter le chaos. Avouons que cela serait vraiment dommage…

 

Marc Touati



Quid de l’économie et des marchés cette semaine :

De l’or en plomb…


Où sont passés tous ces soi-disant spécialistes de l’or qui nous annonçaient il y a peu qu’à 1 900 dollar l’once, le métal jaune n’était pas cher ?

A l’évidence, avec la dégringolade des cours de l’or depuis deux semaines, ils rasent les murs. Pourtant, il y encore quelques semaines, ils claironnaient qu’il fallait augmenter la part de l’or dans les portefeuilles financiers, pour la simple raison qu’il s’agissait là d’une valeur refuge, qui ne pouvait faire l’objet d’une bulle.

A l’époque, lorsque nous prévenions du caractère dangereux de l’or cher et de ses risques de baisse, on nous riait souvent au nez. Et pourtant !

En fait, la baisse récente des cours du métal jaune est tout simplement logique. Elle correspond à un dégonflement de bulle.

C’est d’ailleurs à cause de cette dernière que nous avons cessé de faire des prévisions sur l’or à partir des 1 200 dollars l’once, pour la simple et bonne raison qu’à ce niveau, l’or devenait trop déconnecté des fondamentaux économiques. Comme nous le faisons encore aujourd’hui, nous n’avons eu de cesse de rappeler que si l’or est en général une « valeur refuge », il n’en est pas moins soumis aux soubresauts des marchés, et peut donc aussi générer des moins-values.

Certes, la volatilité étant extrêmement forte, l’or connaîtra encore des hauts et des bas. Cependant, l’effondrement régulier des cours depuis quelques trimestres (et a fortiori le dernier) confirme que l’or est devenu un placement dangereux. Les « diseurs de bonne aventure » qui ne cessaient d’annoncer que la valeur normale de l’or était d’au moins 2 500 dollars l’once ont-ils pensé à ceux qui les ont écoutés et qui en ont acheté à 1 900 dollars ?

Car, sur le front de l’or également, l’histoire se répète. Ainsi, la fameuse barre des 2 000 dollars l’once faisait écho aux 850 dollars qui avaient été atteints en 1980. Car 850 dollars en 1980 équivalent à environ 2 000 dollars aujourd’hui (c’est-à-dire à dollars constants).

Ce que les tenants de l’or à plus de 2 000 dollars ont omis de dire, c’est qu’après le pic de 1980, l’once s’est effondrée à 400 dollars en quelques mois, puis à 250 dollars quelques années plus tard. Ceux qui ont acheté de l’or à 850 dollars en 1980 n’ont ainsi récupéré leur mise qu’en 2006, mais, en dollars constants, ils ne l’ont toujours pas retrouvée…

Voilà pourquoi il faut se rappeler que l’or n’est une « valeur refuge » que face à trois dangers majeurs : l’hyperinflation, une récession mondiale et un krach boursier et/ou obligataire international.