Le « chemin de croix » de François Hollande se poursuit : en cause actuellement l’adoption du fameux traité de stabilité budgétaire. Compte tenu des mesures d’austérité qu’il impose, il est l’origine de la première manifestation contre François Hollande menée par Jean-Luc Mélenchon. Mais ce n’est malheureusement pas tout puisque ce traité est également contesté au sein du propre camp de la majorité présidentielle comme le montrent les réticences de Claude Bartolone, Jean-Christophe Cambadelis ou encore de Harlem Désir. Beaucoup jugent notamment l’objectif des 3 % de déficit public / PIB inatteignable en 2013. Nous ne les contredirons pas sur ce point puisque la prévision de croissance du gouvernement pour l’année prochaine, à savoir 0,8 %, est en décalage complet avec les fondamentaux économiques et les principaux indicateurs avancés du PIB qui nous signalent que, dans le meilleur des cas, la croissance devrait être nulle. Pis, il est question de remettre en cause le dogme des 3 %. En d’autres termes, alors que le mercure monte encore on parle de supprimer le thermomètre.
Face à cette cacophonie ambiante, Nicolas Sarkozy « boit du petit lait ». En retrait de la vie politique, il a aujourd’hui le meilleur rôle, celui d’observateur. Si on lui donnait la parole, le message qu’il pourrait faire passer aux Français serait « vous avez préféré François Hollande, regardez aujourd’hui le résultat vous allez très vite me regretter… ». Qui plus est, certaines études montrent qu’une majorité de sondés estiment qu’il ferait mieux que l’actuel président.
C’est désormais le moment de vérité. En effet, autant pendant la campagne présidentielle, Hollande, qui n’a jamais été ministre, pouvait tirer à boulets rouge sur la personnalité, la politique ou encore le bilan de Nicolas Sarkozy, autant aujourd’hui, l’heure des comparaisons a sonné. Après avoir exhorté les Français de changer de capitaine en pleine tempête, nous allons bientôt savoir comment François Hollande va mener son embarcation. Autant dire qu’à l’heure actuelle, nous sommes plutôt en mode galère qu’en mode offshore. De surcroît, au regard de la feuille de bord présentée aux Français par son premier ministre Jean-Marc Ayrault, on voit mal la tendance s’inverser.
Alors que beaucoup fantasment sur un éventuel retour du président déchu, la tactique qui consiste pour Nicolas Sarkozy à garder le silence est la bonne. Il est vrai que lui qui était habitué à un excès de prise de parole, aux effets d’annonce ou à l’ubiquité, doit se faire violence pour rester en retrait. Il n’hésite pas non plus à brouiller les pistes en annonçant en privé tout et son contraire. A certains, il déclare qu’il compte monter une structure pour s’enrichir, mais à d’autres il soutient qu’il sera incontournable en 2017.
Qu’en sera t-il demain ? Nul ne le sait, pas même lui, mais plusieurs scénarios sont possibles. Au niveau des paramètres (données fixes) de l’équation il faut savoir que la politique et a fortiori l’exercice du pouvoir sont des drogues dures dont on ne décroche que très difficilement. Autre paramètre important, Nicolas Sarkozy a été usé par un quinquennat de crise, ce qui pourrait l’encourager à ne pas retourner dans le marigot politique. Enfin, si les hausses d’impôts perdurent, la croissance n’est pas prête de revenir en France. L’actualité récente nous montre que l’ancien locataire de l’Elysée, qui consulte beaucoup, n’a pas décroché de la politique. Le virus est donc toujours là.
Aujourd’hui, nous pronostiquons à 50/50 les probabilités de Nicolas Sarkozy de « faire de l’argent » ou de revenir en politique dans le but de se représenter à la présidentielle en 2017. En revanche, si les élections intermédiaires sont perdues par la majorité, si la machine à perdre se remet en marche à droite sur fond du luttes fratricides, si la situation économique et sociale de la France se détériore encore et enfin si les enquêtes d’opinion lui son globalement favorables, nous estimons à 80 % la probabilité d’un « come back ». A suivre…
La phrase de la semaine :
«Vu l’état désastreux dans lequel la France risque de se trouver dans cinq ans, je n’aurai pas le choix en 2017.» de Nicolas Sarkozy à Bruno Le Maire (ancien ministre de l’agriculture).
Jérôme Boué