Marchés boursiers, Etats-Unis : Comme d’habitude… (E&S n°207)

 

Humeur :

Volatilité des marchés : comme d’habitude…

Je me lève et je te bouscule                                          On se lève, l’euro fort est ridicule

Tu n’te réveilles pas                                                      Les dirigeants ne bougent pas

Comme d’habitude                                                        Comme d’habitude

Sur toi je remonte le drap                                              Sur la Grèce, on met un sparadra

J’ai peur que tu aies froid                                               On a peur que ça se voit

Comme d’habitude                                                        Comme d’habitude

Ma main caresse tes cheveux                                       Le Cac redevient nerveux

Presque malgré moi                                                     Tout le monde reste coi

Comme d’habitude                                                        Comme d’habitude

Mais toi tu me tournes le dos                                        Mais nous, on préfère le Dow

Comme d’habitude                                                        Comme d’habitude

Blague à part (on s’amuse comme on peut quand on est économiste), la remontée récente des marchés boursiers, en particulier en Europe, nous paraît relever davantage du rebond technique que de la tendance de fond. Certes, la bonne tenue de l’économie américaine a de quoi rassurer outre-Atlantique. En revanche, nous sommes toujours loin du compte sur le Vieux Continent.

Il faut être clair : tant que la crise de la zone euro ne sera pas vraiment résolue, et malheureusement, elle ne pourra l’être avant les élections présidentielles françaises, la volatilité des marchés financiers restera extrêmement forte. Il faut donc se préparer à plusieurs mois de haute-voltige au cours desquels les phases de hausse des marchés boursiers succèderont à des mouvements de forte baisse et réciproquement.

Sur l’ensemble de l’année, nous anticipons que les grands indices boursiers européens pourraient croître de l’ordre de 10 %, tandis que leurs homologues américains gagneraient environ 15 %. Ces derniers bénéficieront également d’un effet dollar, puisque nous prévoyons que ce dernier continuera de s’apprécier, en dépit de quelques soubresauts. En effet, au gré des annonces de la part des dirigeants eurolandais et des décisions de la BCE, l’euro/dollar, pourrait s’effondrer vers les 1,20 dollar, voire les 1,15 d’ici la fin de l’année.

La survie de la zone euro dépend d’ailleurs du cours de notre devise. Si l’euro reste trop fort, la récession s’intensifiera, ce qui finira de toute façon par relancer la crise de la dette et affaiblir la monnaie unique. Réciproquement, si les Eurolandais veulent sauver l’UEM, ils doivent favoriser une dépréciation de l’euro, de manière à restaurer la croissance et à sortir de la crise.

N’ayant aucun intérêt à voir la zone euro disparaître, les Etats-Unis devraient également conforter l’appréciation du dollar face à l’euro. D’ailleurs, tant que l’euro ne passe pas sous les 1,10 dollar, le billet vert reste compétitif pour l’Oncle Sam. L’issue de l’élection présidentielle américaine ne devrait pas changer grand-chose, puisque les Républicains comme les Démocrates sont plutôt d’accord pour permettre au dollar de s’apprécier tant qu’il ne nuit pas à la croissance.

Dans le cadre d’une croissance américaine d’environ 2,4 % cette année, nous anticipons également une stabilisation de l’inflation autour des 2 %. Cette prévision suppose évidemment que les tensions au Moyen-Orient ne dégénéreront pas, permettant au baril de ne pas dépasser durablement les 120 dollars. De la sorte, les taux d’intérêt à long terme américains devraient remonter progressivement au-delà des 3 %, sans pour autant déraper. Ils intégreront ainsi l’amélioration de la croissance et l’anticipation d’un resserrement monétaire de la Fed à partir du printemps 2013.

En fait, comme en matière de prévisions économiques, les plus grandes incertitudes sur le front financier restent européennes. Ainsi, tant que les autorités politiques et monétaires n’auront pas engagé des réformes profondes et efficaces en matière de gouvernance économique, la crise de la dette perdurera et les taux longs resteront élevés, à part certainement en Allemagne.

Pour conclure, voici les quatre grandes échéances qui risquent de chahuter les marchés en 2012 :

– D’ici début juin : Nouvelles dégradation des notes des dettes publiques eurolandaises.

– Du 22 avril au 6 mai : Élections présidentielles françaises. Bien plus que le résultat, l’important résidera dans les choix qui seront pris par la suite. Soit la France s’engage dans une politique « allemande » d’assainissement budgétaire et la zone euro est sauvée, du moins temporairement. Soit, le laxisme budgétaire continue et la crise de la zone euro sera relancée, suscitant une tempête sans précédent.

– 6 Novembre : Élections présidentielles américaines. Si le chômage ne passe pas nettement sous les 7 % d’ici là, Barack Obama n’a quasiment aucune chance d’être réélu. La question sera alors de savoir si le nouveau Président saura mettre en place une véritable politique de redynamisation, comme le fit Ronald Reagan dans les années 80. Dans le cas contraire, les Etats-Unis devront se contenter d’une croissance durablement molle, à la mode eurolandaise…

– A n’importe quel moment de l’année : la confirmation que l’Iran dispose de l’arme nucléaire.

Autant d’échéances et d’évènements qui risquent de réserver pas mal de surprises. Si le krach de 2008 devrait certes être évité, il faut néanmoins se préparer à de fortes turbulences.…

Marc Touati


Quid de l’économie cette semaine ?

Encore une semaine favorable Outre-Atlantique.


Alors que des vents contraires soufflent toujours sur l’économie eurolandaise, l’horizon continue de s’éclaircir Outre-Atlantique. C’est du moins ce qu’indiquent les statistiques publiées cette semaine.

A commencer par les ventes au détail qui confirment leurs bonne tenue. Ainsi, après avoir progressé de près de 2 % au quatrième trimestre 2011 et affiché une hausse de 0,6% en janvier ces dernières passent à la vitesse supérieure en février (+1,1 %). Le glissement annuel des ventes au détail atteint désormais +6,5 %.

Cette belle performance est essentiellement due à la hausse de 3,3 % des ventes d’essence, mais aussi au secteur automobile qui progresse de 1,6 %. A noter également la contribution des ventes de matériels de construction (+1,4 %) et du secteur électronique (+1 %). En revanche les ventes de meubles qui avaient progressé de 2,4 % en janvier chutent de 1,2 % en février.

Il faut souligner que les ventes au détail, exprimées en valeur, ont bénéficié de la hausse des prix de l’essence en février. Cependant, hors essence et automobile, ces dernières affichent toujours une hausse de 0,6 %.

En d’autres termes, cet indicateur avancé de la consommation des ménages nous confirme que l’Oncle Sam pourra toujours compter sur la demande intérieure, qui représente environ 75 % du PIB, pour soutenir la croissance.

 

Les ventes au détail confirment la bonne tenue de la consommation des ménages américains.

Sources : U.S. Census Bureau, Datastream

Parallèlement, la production industrielle a marqué le pas en février. En effet, après avoir progressé de 0,4 % en janvier (révisé de 0.0%) cette dernière a affiché une croissance nulle en février.

Dans ce cadre, le taux d’utilisation des capacités de production est passé de 78,8 % en janvier après 78.7 % en février.

 


La production industrielle américaine a souffert d’une baisse de 1,1 % dans le secteur automobile qui avait pourtant progressé de 8,6 % en janvier. Hors automobile, la production industrielle affiche une petite hausse de 0,1 %.

Cependant, il faut souligner que le glissement annuel de la production industrielle américaine a atteint un niveau de 4 %, soit un plus haut depuis avril 2011. Enfin, la production manufacturière progresse de 0,3 % en février ce qui porte son glissement annuel à 5,2 %.

Alors qu’elle est à la peine dans la zone euro la production industrielle ne faiblit pas Outre-Atlantique.

L’industrie progresse toujours.

Sources : Federal Reserve, Bureau of Economic Analysis.

Autre bonne nouvelle, en dépit de la hausse des cours du pétrole, les prix à la production bénéficiant d’effets de base négatifs, ont affiché un niveau de 3,3 % en février, soit un plus bas depuis août 2010. Hors énergie et alimentation, ces derniers sont restés stables à +3 %.

Les prix à la production reculent significativement Outre-Atlantique.

Sources : Federal Reserve, Datastream


Enfin, tiré par la hausse des cours du pétrole, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 0,4 % en février. De fait, l’inflation s’est stabilisée à un niveau de 2,9 %. Hors énergie et alimentation cette dernière retrouve son niveau de fin 2011 à +2,2 %.

Pour les mois à venir, bénéficiant d’effets de base négatifs, l’inflation devrait tranquillement repartir à la baisse pour revenir autour des +2 % en moyenne sur l’année.

 


…et l’inflation reste contenue.

Sources : Bureau of Labor Statistics, Datastream

Cette nouvelle semaine favorable qui s’achève pour l’Oncle Sam nous confirme que l’économie américaine trouve progressivement sa vitesse de croisière à l’heure où la zone euro s’apprête à faire face à de fortes turbulences …

 

Jérôme Boué


La météo économique de la semaine écoulée :