Alors qu’il aime utiliser les analogies sportives, la course à l’Elysée est pour Nicolas Sarkozy un véritable parcours du combattant. Le Président sortant est toujours à la traîne dans les sondages avec 63% des Français qui ont une image défavorable du Chef de l’Etat, selon le baromètre IPSOS Le Point. En effet, le bilan en matière de sécurité n’est pas à la hauteur des attentes, le chômage est au plus haut depuis 12 ans, et la France vient de perdre le triple A dont il avait fait son cheval de bataille. Si l’on rajoute les dérapages programmés que sont la taxe sur les transactions financières et la TVA sociale, n’en jetez plus, la coupe est pleine !
Il est vrai que le candidat Sarkozy de 2007 avait suscité un énorme espoir, peut être trop important au regard de la difficulté de la tâche et de la situation économique dont il a hérité. Se présenter comme le candidat de la rupture tout en étant du membre du gouvernement sortant relevait du tour de passe-passe. On se souvient de Jean Marie Le Pen affirmant : « Vous verrez quand l’illusionniste va descendre de scène ». Il est vrai que les Français tout comme leur Président sont souvent dans l’excès et l’exagération. En d’autres termes, ils peuvent brûler aujourd’hui ce qu’ils ont adoré hier. Nos concitoyens sont les champions de l’insatisfaction et par conséquent de l’alternance. Dans ce cadre, la question est donc de savoir comment Nicolas Sarkozy va t il s’y prendre pour faire « rêver » les Français une seconde fois ? Est ce simplement possible ?
Pour beaucoup, c’est de l’utopie pure et simple. Le Président est fini, les Français n’en veulent plus, et c’est au tour de la gauche de prendre le pouvoir. Pour d’autres, seuls Fillon ou Juppé trouvent grâce à leurs yeux, et Nicolas Sarkozy ne devrait même pas se re-présenter tant la « déculottée » sera forte. Il ne s’en remettrait jamais… Nicolas Sarkozy est l’homme à abattre et comme en 2007, il est la cible de toutes les attaques. Même François Hollande d’ordinaire si respectueux a brocardé le Chef de l’Etat : « Je suis un Président en échec depuis 5 ans, je suis un sale mec, mais réélisez moi car dans cette période difficile car je suis le seul capable ». Nous risquons ainsi d’avoir un remake de 2007 visant cette fois ci un Président dictateur à la personnalité violente. Bref, l’élection présidentielle s’annonce musclée et la chasse au Sarkozy est officiellement ouverte.
Il ne faut cependant pas oublier que le Président a encore de nombreuses cartes en main. Tout d’abord, il ne peut pas être considéré comme totalement responsable de la situation financière catastrophique de la France, ni même du chiffre record du chômage. En effet, il y a cette fameuse crise qu’il peut utiliser comme paratonnerre afin de s’amender d’une partie de ses responsabilités. D’ailleurs, aux yeux de nombreux observateurs, il a plutôt bien joué son rôle sur la scène internationale face à la crise eurolandaise. Mais le Président qui a une culture de la performance sera néanmoins jugé à l’aune de ses résultats. L’inconnue de l’équation sera bien sûr la situation économique de la zone euro et surtout de la France en avril prochain. Nous savons que les perspectives ne seront pas réjouissantes puisque la France va tomber en récession et que le Président ne pourra pas faire de miracle.
Cependant, si le Président maintient le cap pendant la crise, si Marine Le Pen n’obtient pas ses 500 signatures, si François Hollande rate sa campagne, alors oui le Président a une vraie chance. Cela ressemble fort à une mission impossible, mais Nicolas Sarkozy l’a acceptée et il ira jusqu’au bout.
La phrase de la semaine :
« C’est une politique qui a été dégradée, et non pas la France » de François Hollande.
Jérôme Boué