A l’approche des élections présidentielles, un retour en force de la démagogie et de l’électoralisme est inévitable. En moins d’une semaine, nous pouvons dire que nous avons été particulièrement bien servis, avec l’annonce d’une augmentation du taux de TVA, qualifiée pour l’occasion de TVA sociale, puis la volonté affichée de créer une taxe sur les transactions financières. En d’autres termes, déjà particulièrement mal en point, l’économie française risque de souffrir encore bien davantage au cours des prochains mois. Et tout ça pour de simples motifs électoraux.
Débutons ce « petit théâtre des horreurs » par la désormais célèbre TVA sociale. La simple juxtaposition de ces deux notions pose déjà un problème. Et pour cause : comment peut-on qualifier de sociale une taxe qui constitue, par essence, l’un des impôts les plus inégalitaires qui soit ? En effet,
En fait, cette TVA sociale est tout simplement une vraie fausse bonne idée. Certes, il serait tout à fait louable de réduire le coût du travail en France et de redonner ainsi un peu de compétitivité à notre appareil productif tant dans l’industrie que dans les services. De la sorte, il est parfaitement concevable de transférer une partie des charges qui pèsent sur le travail vers la consommation. Cependant, cela ne pourrait se faire qu’à pression fiscale inchangée. Dans la mesure où cette dernière est déjà l’une des plus élevées au monde, une augmentation supplémentaire serait dramatique. Et ce, en particulier sur le front de
En outre, laisser croire qu’en imposant davantage la consommation, nous allons réduire drastiquement nos importations est illusoire. Cela pour au moins deux raisons. Primo, compte tenu des écarts de coûts de production et de prix de vente entre les produits fabriqués dans le monde, notamment émergent, et ceux usinés dans l’Hexagone, ce n’est pas une augmentation de 3 % à 5 % de
Secundo, n’oublions pas que certaines importations sont devenues incontournables et incompressibles. En sus de nombreuses matières premières et notamment pétrolières, il existe de plus en plus de produits qui ont tout simplement disparu du champ productif français, soit par erreur stratégique, soit en raison de coûts trop élevés. Ainsi, avec la meilleure volonté du monde et le plus grand patriotisme possible, il serait, par exemple, impossible d’acheter un ordinateur français.
En résumé, une augmentation du taux de TVA serait non seulement injuste, mais surtout contre-productive, dans la mesure où elle ne garantirait pas de réduction des importations. Pis, dans un contexte où la consommation française est déjà en berne, une hausse du taux de TVA dans les prochains mois serait suicidaire. Elle ne ferait que rogner encore le peu de pouvoir d’achat des ménages, alimenterait la baisse de la consommation et aggraverait la récession (qui a commencé dès le quatrième trimestre 2011 et devrait se poursuivre au moins jusqu’à la fin du printemps). Cette mesure constituerait donc une erreur stratégique particulièrement coûteuse et dangereuse.
Il en serait de même de l’instauration d’une taxe sur les transactions financières. Avant tout chose et comme le soulignait d’ailleurs son concepteur, James Tobin, la taxe sur les transactions financières soulève un sérieux problème de faisabilité. Comment peut-on effectivement distinguer parmi l’ensemble des opérations celles qui relèvent de la spéculation pure et celles qui sont utiles à l’économie ? Cela suppose de mettre en place un système de contrôle aussi complexe que coûteux. Et même si l’on franchissait cet obstacle, il faudrait instituer des mécanismes de collecte et de surveillance, qui alourdiraient encore les coûts organisationnels de l’opération.
De plus, imaginer que la spéculation va disparaître grâce à une nouvelle taxe symbolique relève de la gageure. En effet, la spéculation fait partie de la vie des marchés. Pour la supprimer, il faudrait fermer ces derniers. D’ailleurs, si
D’ores et déjà, compte tenu de la pression fiscale et réglementaire (notamment en matière de fonds propres) qui pèse sur les activités de marchés, les banques françaises sont en train de réduire ces dernières à la portion congrue. Comme nous l’évoquons depuis bientôt trois ans, la finance est devenue la sidérurgie des années 1980, à savoir un secteur sinistré. Alourdir, même symboliquement, cette pression, lui donnerait le coup de grâce. Cela se traduirait notamment par une augmentation des destructions d’emplois dans ce domaine et par l’alourdissement des conditions de financements des entreprises. Dans ce cadre, une nouvelle réduction de l’investissement, donc de la croissance et de l’emploi se produirait à l’échelle du pays. Au-delà du simple secteur financer, c’est toute l’économie nationale qui pâtirait de cette mesure.
En conclusion, si nous comprenons parfaitement la volonté des gouvernants actuels d’être reconduits au pouvoir dans quelques mois, nous estimons que ce serait une grave erreur de prendre des mesures aussi dogmatiques et contre-productives que
Marc Touati