Qui ne se souvient pas des images montrant Jean-Marie Le Pen après les élections de 2007, réduit à la mendicité cathodique afin de renflouer un parti exsangue au son de « Donnez avant qu’il ne soit trop tard ». Il y avait quelque chose de pathétique dans l’appel au secours du Président du FN qui avait perdu de sa superbe. Il faut dire que Nicolas Sarkozy semblait avoir sonné le glas du Front National en le siphonnant d’une grande partie de ses électeurs. Donné pour mort, le FN ressuscite aujourd’hui grâce à Marine Le Pen qui atteint désormais la barre symbolique de 20% d’intention de vote au premier tour dans les sondages. Il est vrai que le climat conjoncturel plaide largement en sa faveur. En effet, après 4 ans de sarkozysme, le chômage est au plus haut depuis 12 ans et les violences contre les personnes sont toujours en hausse, en dépit des promesses du candidat qui avaient suscité beaucoup d’espoir en France.
Enfin, cerise sur le gâteau, la zone euro est au bord de l’explosion permettant à la Présidente du Front National d’appuyer son discours sur le protectionnisme, le retour au Franc, ou encore le contrôle des changes. Lorsqu’on sait qu’une grande majorité des Français a une faible culture économique, on comprend mieux la portée des arguments de Marine Le Pen dans le contexte actuel. Le bateau de notre Marine nationale est donc largement porté par la crise qui souffle dans ses voiles, mais aussi par les déçus du sarkozysme. Il est vrai que pour prendre les voix du FN, ce dernier avait fait la danse du ventre aux classes populaires dont les voix sont généralement déterminantes à chaque élection présidentielle.
Le problème, c’est que très rapidement, Nicolas Sarkozy s’est positionné comme le président des riches. La soirée du Fouquet’s donna le ton, rapidement suivie par l’épisode du yacht de Bolloré sans oublier le bouclier fiscal. Résultat des courses, le retour de manivelle risque d’être très violent. Toujours conseillé par Patrick Buisson, Sarkozy envoie donc son Ministre de l’Intérieur en première ligne afin de chasser sur les terres du FN. En bon soldat, ce dernier a donc radicalisé son discours sur l’immigration et la sécurité. Mais c’est un jeu dangereux car s’il joue les pompiers sur la scène internationale, Nicolas Sarkozy risque de mettre le feu au sein de son propre camp. Ce virage à droite ne fait pas l’unanimité au sein de l’UMP qui se doit pourtant d’être plus que jamais unie à 4 mois de l’élection présidentielle.
De surcroît, du fait de la multiplicité des candidates à droite, le risque serait d’avoir un 21 avril 2002 à l’envers se traduisant par l’élimination du candidat Sarkozy dès le premier tour. Le Président est donc contraint et forcé de jouer un jeu dangereux puisque les thèmes abordés par ses lieutenants sont aussi instables que de la nitroglycérine et pourraient lui exploser au visage.
La phrase de la semaine :
«Nicolas Sarkozy gère tout à l’affect. La contrepartie de l’affect, c’est
Jérôme Boué