Même si l’année 2011 n’est pas terminée et pourrait donc nous réserver encore quelques mauvaises surprises, il est d’ores et déjà possible d’en dresser un premier bilan. Ce dernier pourrait presque tenir en deux mots : Grand Gâchis. En effet, il y a un peu plus d’un an, la croissance mondiale était forte et atteignait la barre symbolique des 5 %, contre une moyenne annuelle de 3,3 % de 1980 à 2009. Dans le même temps, après une récession historique, l’économie de la zone euro commençait à retrouver des couleurs et semblait par là même capable de surmonter la crise grecque et de sortir définitivement de la crise de la dette publique. A l’époque, nous communiquions autour du thème « la reprise est là, ne la gâchons pas ! ». Notre crainte résidait principalement dans une remontée hâtive du taux refi de
Et c’est malheureusement ce qui s’est produit. Ainsi, alors que la crise grecque s’étendait à l’ensemble des « pays du Sud »,
En fait, à l’instar du sauvetage de Dubaï par Abu Dhabi en moins de quinze jours, les Eurolandais auraient pu en faire de même avec
Et comme si cette erreur stratégique ne suffisait pas,
Car, c’est bien de cela dont il s’agit : la création de la monnaie unique était une réussite exceptionnelle capable de bousculer l’hégémonie du dollar et des Etats-Unis. Seulement voilà, nos dirigeants ont oublié que sans croissance forte et sans budget fédéral conséquent, la zone euro n’a pas d’avenir. Et, ne nous leurrons pas : même si l’ensemble de l’économie mondiale pâtira des difficultés de l’UEM, la crise actuelle est et restera avant tout européenne. D’ailleurs, alors que celle-ci replonge dans la récession, la croissance mondiale se stabilise autour des 3,5 % tant en 2011 qu’en 2012. Cette dynamique est notamment soutenue par les pays émergents, Chine en tête, et, dans une moindre mesure par les Etats-Unis, qui, en dépit des erreurs commises par l’Administration Obama, continuent de résister et de tourner le dos à la récession.
Face à ce nouveau découplage, les Européens auraient peut-être pu enfin se retrousser les manches et faire le mea culpa de leurs égarements stratégiques. Mais, non, cela est bien trop difficile pour des dirigeants pleins d’orgueil et qui refusent la critique, quand bien même cette dernière serait rendue incontestable par la simple observation des faits. Aussi, bien loin de ces aveux qui auraient été salutaires, les Européens, et en particulier les Français, préfèrent agiter le chiffon rouge du nationalisme et demander aux citoyens « d’acheter français », en nous laissant croire que c’est grâce à ce comportement que l’on pourra réindustrialiser le pays. Mais de qui se moque-t-on ? La désindustrialisation n’est pas due au manque de patriotisme des consommateurs et des entrepreneurs français. Elle est la conséquence logique d’une trop grande pression fiscale et réglementaire, d’un marché du travail trop rigide, d’une politique budgétaire et monétaire inefficace, d’un euro trop fort et, enfin, d’une politique d’innovation inappropriée. C’est à cause de ces errements que le poids de l’industrie dans le PIB français est passé de 34 % en 1990 à 17 % en 2002 et à 13 % aujourd’hui.
Une crise sans précédent, une dizaine de sommets « historiques » pour rien, des erreurs stratégiques impardonnables, un dogmatisme irreffréné et une démagogie insupportable… A l’évidence, 2011 est une année à oublier pour
Marc Touati