Opération reconquête pour Nicolas Sarkozy

 

Après une période d’abstinence prolongée de la parole, Nicolas Sarkozy est désormais sur tous les fronts dans ce que l’on peut appeler une opération de reconquête. Cela a débuté par son intervention télévisée du 27 octobre qui s’est soldée par un succès. En effet rassemblant environ 12 millions de téléspectateurs, le Président a été jugé convainquant par 55 % des sondés selon Opinion Way. Il faut dire que Nicolas Sarkozy avait sorti l’artillerie lourde. Fort de son accord à Bruxelles, il s’est posé en sauveur de la zone euro dont le slogan aurait pu être « moi ou le chaos ». Eloquent, pédagogue dans un exercice qui n’a pourtant rien d’une sinécure, Nicolas Sarkozy s’est employé à expliquer aux Français les mécanismes de la crise ainsi que les mesures indispensables qui ont été adoptées à Bruxelles avec Angela Merkel. Cependant le Président a comme à son habitude versé dans l’excès et dans la dramaturgie puisqu’à l’entendre nous étions proches de la fin du monde…

 

Il n’aura échappé à personne, et bien qu’il s’en défende, que l’actuel locataire de l’Elysée est déjà en campagne. Ses pics à fleurets mouchetés envers François Hollande en sont d’ailleurs la preuve. Frappé par un déficit d’adhésion envers sa personne, notamment en raison de sa personnalité, Nicolas Sarkozy s’est évertué à montrer qu’il n’était pas la caricature que l’on donne de lui. On a même cru percevoir un acte de contrition lorsqu’il expliqua qu’il n’était après tout qu’un homme exerçant une tache extrêmement complexe. Homme providentiel, sauveur de la France, de l’Europe et du monde, Nicolas Sarkozy a donc marqué des points précieux lors de son intervention télévisée.

 

Pour rebondir, il a su également s’appuyer sur le G20 à Cannes, où il accueillait ses homologues (en réalité 33) pour un sommet sous haute tension. Du fait de la gravité de la crise dans la zone Euro, c’est un peu quitte ou double pour le Président, puisque soit il en sort grandi, soit il en sort défait. En parlant d’égal à égal avec Obama et Hu Jintao, Nicolas Sarkozy gagne en envergure face à l’inexpérimenté François Hollande qui a eu toutes les peines du monde pour trouver un accord avec les Verts… S’il compte s’appuyer sur cette crise pour démontrer son envergure de capitaine dans la tempête, Nicolas Sarkozy ne doit pas oublier que la campagne se joue surtout en France. A ce propos, les mesures proposées dans le récent plan de rigueur ont été relativement bien accueillies, puisque selon un sondage IFOP, le chef de l’Etat gagne 3 points pour atteindre 37% de bonnes opinions.

 

Mais la route est encore très longue, et il ne faut jamais oublier qu’une élection présidentielle ne se gagne pas sur un bilan mais sur un projet. A bon entendeur…

 

 

La phrase de la semaine :

« Les Français m’ont élu pour en prendre plein la figure, pour en baver, ils n’attendent pas autre chose de moi » de Nicolas Sarkozy

rôme Boué