Humeur :
Et si
Comme dit le dicton « quand on veut se débarrasser de son chien, on dit qu’il a la rage »… Ainsi, alors que la crise de la dette publique grecque dure depuis bientôt deux ans et qu’elle paraît de plus en plus inextricable, un nombre croissant d’économistes, d’hommes politiques et d’observateurs en tous genres laisse croire que la sortie de
Si cette théorie peut apparaître séduisante, elle n’en demeure pas moins erronée et surtout dangereuse. Tout d’abord, cette stratégie que l’on pourrait qualifier du « bouc émissaire » oublie une réalité fondamentale : la crise en question ne se résume pas aux seules difficultés hellènes, mais concerne l’ensemble de la zone euro. Et pour cause : au sein de cette dernière et à l’exception de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Luxembourg, aucun pays ne parvient à réaliser une croissance économique suffisante ne serait-ce que pour rembourser les intérêts de sa dette publique. Et ce, depuis quatre ans. Il ne s’agit donc pas d’un accident conjoncturel mais d’une donnée structurelle. D’ailleurs, compte tenu du ralentissement qui s’installe dans la zone euro et qui pourrait même se transformer en récession, l’Allemagne et les Pays-Bas rejoindraient, à leur tour, le peloton des « mauvais élèves ».
Autrement dit, que
En outre, il ne faut pas oublier qu’il n’est pas prévu par le Traité de l’UEM qu’un pays soit exclu de cette dernière. Seule
Dans ce cadre, un tel marasme pourrait amener
Dès lors, ce choix pourrait faire tâche d’huile et tenter d’autres pays eurolandais, à commencer par le Portugal et pourquoi pas l’Espagne, qui avec des taux de chômage de respectivement 12 % et 21 % sont déjà au bord de la crise sociale. L’effet domino tant redouté pourrait alors s’imposer, entraînant la zone euro dans un « trou noir » dévastateur.
En fait, même si
En conclusion, la sortie de
La seconde stratégie est économique et doit mettre en œuvre une politique de soutien appuyé en faveur de la croissance, notamment via un niveau de l’euro plus normal (c’est-à-dire vers les 1,20 dollar), une étreinte monétaire assouplie et une politique budgétaire efficace à l’échelle de l’Union.
Enfin, parallèlement à ce double sauvetage,
Tant que les dirigeants de la zone euro ne sauront pas mettre en pratique ces trois stratégies de bon sens, l’UEM restera menacée et les risques de contagion iront croissants. La bonne nouvelle est donc que la solution existe. La mauvaise est que les dirigeants eurolandais ne semblent pas disposés ou tout simplement capables de la mettre en œuvre. Les mesures prises jeudi dernier vont dans le bon sens. Il faudra maintenant transformer l’essai…
Marc Touati
Quid de l’économie cette semaine ?
Etats-Unis : le ralentissement continue et l’inflation ne dérape pas.
Les principaux moteurs de la croissance américaine et notamment la consommation des ménages, tournent encore au ralenti confirmant la faiblesse de la reprise outre- Atlantique.
Ainsi, les ventes au détail pour le mois d’août déçoivent à leur tour. En effet, alors qu’une petite hausse de 0,2 % était attendue par le consensus, ces dernières ont affiché une croissance nulle sur la période. Hors transport, leur progression reste faible a +0,1 %.
Les statistiques nous indiquent que les ventes de vêtements reculent encore (-0,7%) et que les ventes dans le secteur automobile, qui avaient progressé de 0,2 % en juillet, ont reculé de 0,3 % en août. Enfin les ventes de meubles ont régressé de 0,2 % sur la période. Il faut toutefois noter que le secteur des matériels électroniques tire encore son épingle du jeu puisque après une hausse de 1,2 % en juillet, il progresse de 0,5 % en août.
Il est vrai que les ventes au détail ont été fortement pénalisées par les 8000 destructions nettes d’emplois dans le secteur en août.
En glissement annuel ces dernières affichent un niveau de +7,2 % en août après +8,3 % en juillet.
En dépit de la baisse du baril de pétrole en août qui a soutenu le pouvoir d’achat, les dépenses des ménages américains ne jouent plus leur rôle moteur.
La consommation des ménages à la peine.
Sources : Dept of Commerce-Bureau of Census, BEA, Datastream
Parallèlement la production industrielle qui avait progressé de 0,9 % en juillet, ralentit pour afficher un petit +0,2 % en août portant son glissement annuel à +3,4 %.
Cette contre-performance est essentiellement due à une baisse de 3 % de la production dans le secteur public. En effet, après une relance keynésienne qui a largement bénéficié à l’industrie américaine, le désengagement progressif de l’Etat comme à impacter l’économie.
En revanche, on observe une hausse de 1,2 % dans le secteur minier et de + 0,7 % de la production d’équipements de bureaux.
La production manufacturière reste quant à elle consistante avec une progression de 0,5 % tirée par le secteur automobile (+1,7 %) et les secteurs informatique et électronique (+1,3 %).
Enfin, le taux d’utilisation des capacités de production affiche une petite hausse passant de 77,3 % à 77,4 % en août.
La production industrielle reste molle.
Sources : Federal Reserve, Datastream
Par ailleurs, tirés par la baisse des matières premières et notamment énergétiques, la progression des prix à la consommation a légèrement ralenti avec une hausse de 0,4 % en août contre +0,5 % en juillet. Cependant, comme les prix n’avaient augmenté que de 0,2 % en août 2010, leur glissement annuel mesurant l’inflation affiche un niveau de +3,8 % contre +3,6 % en juillet.
Hors énergie et alimentation, l’inflation progresse également atteignant un niveau de +2 % contre +1,8 % en juillet.
L’inflation reste toutefois sous contrôle outre-Atlantique et devrait atteindre +2,9 % cette année en moyenne annuelle pour tomber à + 1,8 % en 2012.
En revanche, et c’est une bonne nouvelle, les prix à la production ont affiché une croissance nulle en août portant leur glissement annuel à + 6,5 % contre +7,2 % en juillet. Hors énergie et alimentation ces derniers sont restés stables à un niveau de +2,5 %.
L’inflation progresse mais ne dérape pas.
Sources : Bureau of Labor Statistics, Datastream
A l’image des statistiques publiées cette semaine, le ralentissement de la croissance se poursuit aux Etats-Unis et le PIB ne devrait finalement croître que de 1,7 % cette année.
Jérôme Boué
La météo économique de la semaine écoulée :
Les Marchés:
Que vont devenir les banques françaises ?
Si la dégradation des banques françaises par Moody’s était attendue, celle qui a finalement été décidée est loin d’être aussi catastrophique qu’annoncée par certains. En effet, depuis quelques jours, les pires scénarii étaient avancés : dégradation de la notation de trois crans pour toutes les banques, quasi-faillite d’une d’entre elles,… Tout y est passé.
Or, bien loin de ce marasme annoncé, Moody’s n’a dégradé que deux banques (Société Générale et Crédit Agricole) sur leur dette à long terme et, en plus, de seulement un cran.
Dans la mesure où ces banques étaient parmi les mieux notées de la zone euro, elles ne font ainsi que revenir au niveau de la grand majorité de leurs homologues eurolandaises, BNP Paribas restant au-dessus du lot.
Pourtant, en dépit de ces relatives bonnes nouvelles, les cours boursiers des trois grandes banques françaises ont continué de reculer. Depuis le début 2011, leur chute est impressionnante : -54 % pour
De plus, si en 2008-2009, leur dégringolade boursière pouvait s’expliquer par une prise de risque excessive et mal contrôlée, ainsi que par une crise de liquidités, il n’en est rien aujourd’hui. Depuis 2009, les banques françaises ont effectivement réduit leur exposition aux risques en tous genres, que ce soit en termes de crédit que de marchés.
Une chute vertigineuse tant depuis le début 2011 que depuis 2008…
Sources : Bloomberg, Calculs Assya Compagnie Financière
Dans ce cadre, les banques françaises deviennent particulièrement bon marché et pourraient par là même constituer des proies faciles pour tous types de prédateurs, notamment étrangers. Les capitalisations boursières de ces trois fleurons de la finance française sont d’ailleurs sans appel, dans la mesure où elles ne représentent qu’une partie congrue de leur fonds propres : 51 % pour BNP Paribas, 31 %
- La récession menace la zone euro.
- Perspectives 2012 : Après la crise, la re-crise ?