Humeur :
Grèce : ne tirez plus sur l’ambulance…
Sans surprise et comme nous l’avions annoncé à plusieurs reprises dans ces mêmes colonnes, la crise de la dette publique grecque est revenue sur le devant de la scène. Est-ce la faute aux « méchants spéculateurs » ? Comme le prétendent certains. Si cette réponse est évidemment pratique, elle n’en est pas moins erronée. Certes, la spéculation existe, mais elle n’a fait que s’engouffrer dans une brèche ouverte par les erreurs récurrentes des politiques économiques menées en Grèce et surtout à l’échelle de la zone euro.
En effet, il faut arrêter de laisser croire que les errements de l’économie hellène sont dus aux seuls comportements délétères de la population grecque. Bien sûr, l’économie parallèle représente environ 30 % du PIB de
Autrement dit, la récession historique que subit
Face à ce drame, deux solutions semblent aujourd’hui s’imposer. La première est présentée comme la plus raisonnable par « l’establishment » européen. Elle consiste à aider
D’où une deuxième solution, cette fois-ci extrême : la sortie de la zone euro, qui s’accompagnerait d’un moratoire sur la dette publique. Selon de plus en plus d’observateurs et de politiciens, en Grèce, mais aussi en Allemagne, cette issue serait inévitable et pourrait résoudre la crise de la dette publique en quelques trimestres. C’est d’ailleurs celle qui s’est imposée dans la plupart des pays proches d’une cessation de paiement et qui ont finalement pu redémarrer. Si cette stratégie peut donc apparaître très tentante, elle n’en demeure pas moins extrêmement risquée. Et pour cause : si
Avec une croissance restaurée et des dépenses publiques diminuées,
Marc Touati
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Quid de l’économie cette semaine ?
Croissance eurolandaise : ne crions pas victoire trop vite.
Enfin ! Après trois ans de crise et d’atonie économique, la croissance de la zone euro a dépasse les 2 %. Ainsi, grâce a une progression trimestrielle de 0,8 % au premier trimestre, le PIB eurolandais a atteint un glissement annuel de 2,5 %, un plus haut depuis septembre 2007.
Malheureusement, cette performance doit être prise avec des pincettes. D’abord, parce qu’elle masque de fortes disparités au sein de la zone. Sur ce même premier trimestre 2011, les variations du PIB vont ainsi de – 0,7% pour le Portugal à + 1,5 % pour l’Allemagne, en passant par + 0.3 % pour l’Espagne, + 0.1 % pour l’Italie et + 1.0 % pour
Zone euro : les disparités persistent.
Sources : Eurostat, Bloomberg
Mais surtout, les chiffres du PIB du premier trimestre doivent être relativisés car ils ne sont pas extrapolables. Et pour cause : ils n’intègrent pas la flambée récente des cours des matières premières et de l’euro. L’impact négatif de ces évolutions se produira aux deuxième et troisième trimestres, au cours de ce dernier, une baisse du PIB pourrait même se produire.
Dans ce cadre, la croissance annuelle de la zone euro ne dépassera pas significativement les 2 % cette année.
L’exemple de
Sans surprise, la croissance française du premier trimestre 2011 est très satisfaisante. Ainsi, comme le laissaient déjà entendre les bonnes performances de la production industrielle et de la consommation en produits manufacturés sur la même période, le PIB a progressé de 1 %. Mieux, les deux principaux moteurs que sont la consommation des ménages et l’investissement des entreprises ont été au rendez-vous. Pour autant, il ne faudrait pas crier victoire trop vite.
En effet, comme l’ont également montré la baisse de la production industrielle et celle des dépenses en biens manufacturés en mars, l’économie française a déjà mangé son pain blanc. De même il faut noter que l’essentiel de la performance du premier trimestre s’explique par une formation de stocks extrêmement forte. Ainsi, hors stocks la croissance française n’a été que de 0,3 %. Dès lors, il faut se préparer à un deuxième et surtout à un troisième trimestre bien plus difficiles. L’explication de cette décélération inévitable est triple.
Primo, la reprise de 2010 et qui s’est étendue jusqu’au premier trimestre 2011 tient principalement à un effet de rattrapage de la faiblesse passée. Cette évolution corrective étant désormais derrière nous, la croissance va mécaniquement retrouver un rythme normal, en l’occurrence entre 1,2 % et 1,8 %. N’oublions effectivement pas que, depuis 2011, la progression annuelle moyenne du PIB français n’a été que de 1,2 %.
Secundo, à présent que la prime à la casse est terminée, la consommation des ménages va continuer de ralentir. Et ce, d’autant que la flambée des cours des matières premières et notamment du pétrole va grever encore un peu plus le pouvoir d’achat des Français. A ce sujet, il faut savoir que l’impact négatif de la hausse des cours du baril sur la croissance prend environ neuf mois pour se produire et apparaître dans les chiffres d’activité. Pour le moment, nous subissons donc un effet d’optique qui masque l’inévitable ralentissement à venir.
Tertio, en dépit d’un léger repli justifié et salutaire depuis quelques jours, l’appréciation excessive de l’euro va également déprécier la progression du PIB, notamment en réduisant les exportations, en augmentant les importations et en pénalisant l’investissement des entreprises. Comme l’a montré la dernière enquête de l’INSEE sur l’investissement, la reprise de ce dernier est d’ailleurs surtout liée à des dépenses de remplacement des équipements obsolètes et très peu à des investissements de capacité. Dans la mesure où ces derniers sont les plus déterminants en matière de créations d’emplois, il est à craindre que la baisse du chômage va rapidement s’essouffler.
Croissance en France : tout va bien… pour l’instant.
Sources : INSEE, Bloomberg
Mais là aussi, qu’il s’agisse de l’impact de l’euro trop fort sur l’activité ou de celui du ralentissement économique sur l’emploi, il existe un délai de six à neuf mois. Cela signifie donc que le véritable visage de l’économie française ne sera connu qu’au cours du troisième trimestre 2011. D’ici là, le gouvernement pourra encore se satisfaire de chiffres appréciables, mais il devra en profiter, car la donne s’inversera à partir de l’automne.
Dans ce cadre, en dépit d’un acquis de croissance confortable de 1,6 %, nous modifions notre prévision d’une progression annuelle moyenne du PIB français qui serait comprise entre 2 % et 2,5 % maximum cette année. Quant à l’an prochain nous maintenons notre prévision de 1,6 %.
Marc Touati
La météo économique de la semaine écoulée :
Les Marchés:
Chine : l’appréciation du yuan continue.
Les statistiques publiées cette semaine confirment une fois de plus que la locomotive chinoise continue sur sa lancée sans dérapage inflationniste.
Sur le front du commerce extérieur tout d’abord, la balance commerciale chinoise qui était tombée en déficit en février (-7,31 milliards de dollars), retrouve de belles couleurs.
En effet, après être timidement repartie «dans le vert» en mars (+140 millions d’euros) la balance commerciale a affiché un excédent de 11,42 milliards d’euros en avril, soit près de quatre fois plus que les attentes du consensus (+3,20 milliards de dollars).
Cette excellente performance tient essentiellement à la forte hausse des exportations dont le glissement annuel a atteint +29,9 % avril après un niveau de 35,8 % en mars.
Tirée par les exportations, la balance commerciale chinoise retrouve de belles couleurs.
Sources : China Economic Information Network, Bloomberg
La vigueur des exportations chinoises qui survient alors qu’un dialogue stratégique et économique s’est ouvert depuis lundi entre
Les autorités chinoises, conscientes des risques de surchauffe pesant sur l’économie, continuent d’apprécier progressivement de leur devise. Ainsi après être tombé à 6,8333 pour un dollar le 14 juin 2010, le renminbi s’est apprécié d’environ 5 % depuis pour atteindre 6.4918 mardi 10 mai et 6,4981 aujourd’hui.
Il est vrai que la marge de manœuvre de Pékin reste conséquente puisque selon la parité de pouvoir d’achat, le niveau d’équilibre du yuan est d’environ 3,50 pour un dollar.
Le yuan va continuer de s’apprécier, très progressivement …
Sources : National Bureau of Statistics of
La lutte contre l’inflation est en effet la priorité des autorités à l’image des banques qui ont subi six hausses de réserves obligatoires et quatre relèvement de taux d’intérêt depuis octobre dernier.
- Etats-Unis : encore une semaine favorable.
- FMI, France, Grèce : la vie après DSK…