On ne le dira jamais assez : les ménages français sont formidables. En effet, en dépit des soubresauts géopolitiques internationaux, de la flambée des cours des matières premières énergétiques et alimentaires, sans oublier le climat de défiance nationale, ils continuent de dépenser sans compter.
Ainsi, après avoir baissé de 0,3 % en janvier (contre un repli de 0,5 % annoncé initialement), la consommation en produits manufacturés a rebondi de 0,9 % en février 2011. Compte tenu de la baisse de 2 % enregistrée en février 2010, son glissement annuel flambe à 5,5 %, retrouvant son précédent sommet de décembre 2009, qui était lui-même un plus haut depuis décembre 2007.
Mieux, la quasi-totalité des grands postes de dépenses progresse en février. A commencer par le textile-cuir, qui, après deux mois de baisse inhabituelle en période de soldes, augmente de 4,2 % sur le seul mois de février. Attention cependant à ne pas s’emballer, dans la mesure où cet accroissement s’explique en grande partie par un effet calendaire lié au fait que les soldes se sont étendus plus que d’habitude sur le mois de février. Il faut donc se préparer à une correction baissière en mars.
De même, l’augmentation de 1 % de la consommation automobile ne corrige que très modérément la chute de 6,4 % enregistrée en janvier. Autrement dit, les concessionnaires ont beau multiplié les offres commerciales pour essayer de limiter l’impact de la fin de la prime à la casse, le ressort est désormais cassé et l’euphorie du secteur automobile des deux dernières années ne sera pas renouvelée.
Plus globalement, comme l’a d’ailleurs montré la dernière enquête de l’INSEE auprès des ménages, ces derniers n’ont plus la « fièvre acheteuse » et devraient dorénavant limiter leurs achats. Et ce d’autant que l’augmentation des prix de denrées alimentaires et des tarifs énergétiques va réduire mécaniquement leur pouvoir d’achat.
En outre, l’aggravation du climat d’instabilité internationale, ainsi que les inquiétudes nationales ne vont pas manquer de réduire l’appétence des Français pour la dépense, ces derniers devenant donc un peu plus parcimonieux. Enfin, l’augmentation des taux d’intérêt va simultanément diminuer la demande de crédits, donc la consommation, et favoriser l’épargne.
Dans ce cadre, la consommation des ménages devrait croître d’au mieux 1,5 % cette année, permettant à la croissance du PIB hexagonal d’avoisiner les 1,8 %. Ce sera donc relativement appréciable, mais loin d’être euphorique.
Marc Touati