Copenhague, Bourse, Etats-Unis, Chine : Non à la décroissance !

Humeur :

Copenhague ou l’Age de glace 4.


Si vous avez aimé le krach Internet, si vous vous êtes passionnés pour les guerres en Afghanistan et en Irak, si vous avez été subjugués par la faillite de Lehman Brothers et la crise financière qui en a découlé, alors vous allez adorer les ravages causés par le réchauffement climatique. A l’instar des Rocky, Rambo, Die Hard, Spiderman ou encore Harry Potter, les crises sont de tels succès commerciaux qu’elles appellent constamment à de nouveaux épisodes. Le créneau est toujours le même : si vous avez survécu aux crises précédentes, celle que vous allez subir à présent sera encore pire. Bigre ! Ca fait froid dans le dos. Et cela tombe bien, car la crise qui se prépare est justement celle du froid, ou plutôt de l’absence de froid. Ainsi, le réchauffement climatique serait tel que les glaciers vont fondre, que le trou de la couche d’ozone va encore s’élargir, que les terres vont être submergées, bref, les Mayas avec leur fin du monde en 2012 n’étaient finalement que des enfants de cœur…

A l’appui de cette théorie, les plus « éminents spécialistes » (d’on ne sait pas trop quoi d’ailleurs) se répandent à travers la planète pour nous dire que l’heure est très grave et qu’il est urgent de réagir. On croirait entendre d’autres « brillants spécialistes » qui nous annonçaient il y a peu que la crise économico-financière de 2009 serait pire que celle de 1929 et que la croissance mondiale ne repartirait pas avant 2011 dans le meilleur des cas. Dans la même veine, on croirait aussi entendre d’autres « illustres » professeurs qui nous annonçaient d’abord en 2003, puis en 2007, et encore en 2009 que le monde était sur le point de connaître une pandémie grippale pire que celle dite de la grippe espagnole du début du vingtième siècle.

Bien entendu, il ne faut pas prendre à la légère l’ensemble de ces risques. Dans la mesure où il n’y a jamais de fumée sans feu, il faut même admettre qu’il serait utile de s’informer un minimum pour se protéger au cas où. Mais c’est à ce moment là que les choses se gâtent. Car si nous savions déjà qu’en matière de prévision économique, la subjectivité est de taille et la fiabilité minimale, nous étions loin d’imaginer qu’il en était de même pour la climatologie et la médecine. Ainsi, en fonction des avis (et il y a en a beaucoup), le monde vivrait ses derniers moments de sérénité. En d’autres termes, si ce n’est pas la finance qui en viendra à bout, ce sera soit la grippe, soit le CO2. A l’inverse, selon une minorité (comme celle d’ailleurs dont nous faisions partie dès février dernier et qui annonçait que 2009 ne serait pas 1929), la grippe A est largement surmontable et le réchauffement n’est pas uniquement lié aux hommes. Il participe simplement à un mouvement pluriséculaire qui dépasse largement les spéculations alarmistes actuelles.

Ce qui reste étonnant néanmoins c’est qu’à l’instar de la crise financière, ce sont les scénarii du pire qui paraissent les plus crédibles. A croire que l’être humain adore se faire peur. C‘est ce que l’on pourrait appeler en langage populaire l’appel du vide et en langage scientifique du malthusianisme. Ancêtre des partisans de la décroissance, Malthus soulignait effectivement que, compte tenu du fait de la raréfaction des ressources terrestres, l’Homme ne peut croître indéfiniment. Les guerres, les épidémies ou les catastrophes naturelles ne seraient alors finalement que des régulateurs du système. Evidemment, dans la mesure où nous sommes au XXIème siècle et où la barbarie est moins répandue qu’il y a encore 70 ans, cette vision extrême a été édulcorée et a priori humanisée. Ainsi, pour contrecarrer le réchauffement climatique sans faire appel à la réduction sauvage de la population, il suffirait de faire de la décroissance. Dans ce cadre, le sommet hautement médiatisé de Copenhague constituerait une chance historique pour retrouver un monde plus juste, plus écologique, plus beau, plus fraternel… Eh ! Oh ! Réveillons-nous ! Nous ne sommes pas au cinéma. N’oublions pas que la route de l’enfer est souvent pavée de bonnes intentions.

Ainsi, nous le disons haut et fort : la décroissance n’a aucun sens. Tout d’abord, parce que si cette stratégie était à la rigueur envisageable temporairement pour des pays riches, elle serait catastrophique pour les pays pauvres ou en voie de développement qui n’auraient donc plus le droit de rattraper les pays dits du Nord. Ensuite, même dans les pays riches, la décroissance, c’est-à-dire la baisse du PIB, se traduirait par une augmentation du nombre de sans-emploi et une aggravation de la pauvreté. Autrement dit, la décroissance constituerait une véritable catastrophe sociale, car elle se traduirait forcément par une aggravation des inégalités, une augmentation du chômage et une exacerbation des tensions sociales. C’est d’ailleurs là que réside l’un des grands paradoxes de cette thèse soutenue notamment par les altermondialistes et les soi-disant partisans d’une économie sociale : comment peut-on à la fois dénoncer la pauvreté dans le monde et exiger la décroissance qui ne fera finalement qu’aggraver cette dernière ?

La solution est donc ailleurs. Car le seul moyen de réaliser une croissance durable dans un monde limité réside dans l’optimisation de l’existant au travers du progrès technologique. Il est plaisant de vouloir réduire les émissions de CO2, mais ceci ne peut se faire que si une alternative existe. Il ne faut donc surtout pas se contenter de décroître, ce qui ne reviendrait qu’à détruire des emplois. Il est au contraire indispensable de développer des Nouvelles Technologies de l’Energie qui nous permettront non seulement de protéger la planète mais aussi d’augmenter la croissance structurelle de nos économies et sa richesse en emplois.

Plutôt que de se lamenter sur la fin du monde et d’inventer des théories non-vérifiables qui ne paraissent crédibles que parce qu’elles sont terrifiantes, il serait plus constructif d’adopter un comportement positif basé sur une amélioration de notre croissance. Car sans développement, il n’y a pas de « durable ». Espérons que les dirigeants de la planète ne l’oublieront pas la semaine prochaine. Sinon, Copenhague ne sera plus la ville de la « petite sirène », mais celle de la « grande alarme » sociale.

Marc Touati


Quid de l’économie cette semaine ?

Croissance : la Chine et les Etats-Unis s’envolent, la France et l’Allemagne replongent.


Après un été d’espoir, les activités industrielles françaises et allemandes ont finalement replongé très vite, avec dégradation de l’emploi à la clé.

Que ce soit la nouvelle baisse de la production industrielle en octobre ou le recul de l’emploi au troisième trimestre, ces chiffres de l’économie française sont très loin de l’exploit annoncé par Christine Lagarde il y a quelques semaines.

Malheureusement, en dépit de la prime à la casse et de toutes les perfusions publiques, l’économie hexagonale reste des plus fragiles. Ainsi, après avoir déjà baissé de 1,2 % en septembre, la production a reculé de 0,8 % en octobre. Pis, pour le deuxième mois consécutif, tous les secteurs d’activité affichent une baisse. A commencer par les biens de consommation durables (-1.5 % après déjà -3,3 % en septembre) et les biens d’investissement (-0,6 % après – 3%).

Autrement dit, si la consommation française résiste c’est surtout au profit des produits importés. Quant à la reprise de l’investissement, elle est pour l’instant toujours reléguée à un avenir indéfini. Dans ce cadre, après deux trimestres de hausse, le PIB pourrait bien marquer une pause au quatrième trimestre.

La production industrielle française est encore en baisse de 9 % sur un an.

Mais surtout, cette faiblesse de l’activité devrait alimenter les destructions d’emplois qui sont déjà dramatiques, comme le montre la baisse de l’emploi de 0,4 % au troisième trimestre. Et ce d’autant que là aussi, tous les secteurs d’activité détruisent des emplois.

Pis, le glissement annuel de l’emploi salarié a même atteint un plus bas historique à – 2,7 % au troisième trimestre. Dans ces conditions, même si la faible augmentation devrait limiter la progression du chômage dans les prochains mois, cette anémie durable de l’emploi ne permettra aucunement d’inverser la tendance. Et ce d’autant que l’investissement des entreprises ne prend toujours pas le chemin de la hausse.

La chute de l’emploi dans l’Hexagone devient vraiment inquiétante.

En d’autres termes, le cercle vertueux de croissance investissement-emploi-consommation est toujours loin d’être d’actualité.

Et ce malgré des dépenses publiques pléthoriques qui sont donc bien, de moins en moins efficaces.

Lot de consolation, l’activité industrielle allemande, qui profite pourtant des commandes en provenance d’Asie, demeure en proie à de graves difficultés.

Ainsi, après deux mois de rebond, la production industrielle a rechuté de 1,8 % en octobre. Conséquence logique, son glissement annuel reste dangereusement négatif à – 12,4 %.

Production industrielle allemande : encore – 12,4 %.

Et ce n’est pas tout, car, indicateur avancé de la production, les commandes industrielles ont également rechuté en octobre : – 2,1 % sur un mois et – 12,4 % sur un an. Autrement dit, les lueurs d’espoir de l’été dernier se sont déjà éteintes.

 

 

Commandes à l’industrie en Allemagne : la rechute.

Dans ces conditions, il faut être clair : après deux trimestres consécutifs de hausse, les PIB allemand et français risquent bien de connaître une stabilisation au quatrième trimestre 2009. Quant à 2010, leur progression annuelle devrait au mieux atteindre 1,5 %.

Et pendant ce temps en Chine, la production industrielle augmente de 19,2 % (un plus haut depuis juin 2007), les ventes au détail progressent de 15,8 % et le PIB s’accroît d’au moins 10 %.

Et pendant ce temps là, la Chine caracole…

Enfin, soulignons que les Etats-Unis ne sont pas en reste également, avec une augmentation des ventes au détail de 1,3 % en novembre, après déjà une hausse de 1,1 % en octobre.

Et ceci n’est plus seulement le fait des ventes automobiles, puisqu’en dépit de la fin de la prime à la casse depuis août, les ventes au détail hors automobiles ont enregistré leur quatrième mois consécutif de hausse (+ 1,2 % en novembre, + 2,8 % en quatre mois).

En outre, avant même le mois de décembre et les fêtes de fin d’année, les ventes au détail affichent un acquis de croissance de 1,4 % sur l’ensemble du quatrième trimestre.

Etats-Unis : le rebond de la consommation dépasse toutes les attentes.

Autrement dit, la consommation des ménages devrait encore fortement progresser au quatrième trimestre, ce qui devrait assurer une croissance du PIB d’environ 3 % en rythme annualisé sur cette même période.

C’est bien triste, depuis une quinzaine d’années, c’est la même rengaine : les Etats-Unis et la Chine tirent la croissance mondiale et la zone euro et le Japon restent les lanternes rouges…

Marc Touati

 

 



 

La météo économique de la semaine écoulée :

 


 

Les Marchés :

Bourses : c’est déjà l’heure des bilans.


L’année n’est certes pas encore terminée, mais un premier bilan est déjà possible en matière d’évolution boursière. Ainsi, alors que 2007 et surtout 2008 resteront des années maudites, 2009 est à la fois l’année de la résurrection boursière et celle de la défaite des Cassandres.

Certes, ces derniers sont toujours majoritaires sur les marchés et c’est d’ailleurs ce qui renforce leur échec. Car, après avoir eu leur heure de gloire à la suite de la faillite de Lehman Brothers et jusqu’au 9 mars 2009 (plancher annuel des grands indices boursiers), ils ont accumulé les déconvenues.

Tout d’abord, dans la mesure où ils n’avaient évidement pas anticipé le rebond boursier du printemps, ils ont soutenu que ce dernier n’était qu’une pause au sein d’un Bear market encore plus grave que celui du krach de 1929.

La rechute de juin leur a même permis de prendre leur rêve pour la réalité, mais le fort rebond de l’été les a fait vite redescendre de leur nuage, parfois avec fracas. Car non seulement, ils n’avaient pas su anticiper la dégringolade de 2008, mais en plus ils n’avaient pas été capables de prévoir le rebond.

Toujours est-il que deux nouvelles chances leur ont été données. La première en septembre, avec la flambée du taux de chômage américain et la seconde en novembre, avec le soi-disant risque de faillite de Dubaï. Mais ce fut, à chaque fois, peine perdue, confirmant par là même que le rebond boursier n’était pas seulement correctif ou spéculatif, mais qu’il était bien ancré sur des bases solides.

Le Cac 40 d’août 2008 à décembre 2009 : les Cassandres ont finalement eu tort…

En effet, au-delà du fait qu’avec des capitalisations boursières des entreprises cotées inférieures aux fonds propres, les marchés boursiers redevenaient fortement attractifs, ils ont surtout été tirés par le rebond de la croissance mondiale. Cette dernière est ainsi passée d’un plus bas d’environ – 3 % au premier trimestre à +1,5 % au quatrième trimestre et au moins + 3,5 % dès le deuxième trimestre 2010.<