Question de style.

En matière d’image, nos hommes politiques ne sont pas tous sur un pied d’égalité. Si le fond demeure essentiel, il ne faut pas négliger le style tant dans la tenue vestimentaire que dans le discours. Sur ce point il est possible de classer l’homo politicus dans différentes catégories bien distinctes les unes des autres.

 

Tout d’abord, il y a ceux que l’on pourrait appeler les austères. Souvent énarques de formation, étiquetés technocrates, ils ont également comme dénominateur commun d’être passés par la case Matignon sans avoir réussi à accéder à l’Elysée. Lionel Jospin par exemple, a davantage l’apparence d’un professeur d’université que d’un Président de la république. S’il serait injuste de réduire le personnage à son image, il est clair que pour être Président, il faut rentrer dans le costume tant sur la forme que sur le fond. Michel Rocard ensuite malgré tout son talent, a véhiculé une image raide doublée d’un discours brillant mais ampoulé peu décodable par le citoyen lambda. Il en alla de même pour Alain Juppé qui droit dans ses bottes incarnait la rigidité, avec en prime le côté cassant de celui qui est convaincu de sa supériorité intellectuelle. Toutefois la gente masculine n’a pas le monopole de l’austérité et l’on peut également classer dans cette catégorie Michelle Alliot-Marie et Martine Aubry qui n’ont jamais brillé par leur côté expansif ou par leur volubilité.

 

A l’inverse, il y a ceux que l’on pourrait appeler les séducteurs. C’est le cas tout d’abord de Valéry Giscard d’Estaing élu à 48 ans, qui souhaitait véhiculer l’image de la jeunesse et du renouveau à l’instar de son désir de moderniser la France. Dominique de Villepin et Jacques Chirac peuvent être considérés comme des charmeurs en politique : grands de taille, le physique avantageux et le charisme en prime, on pourrait les comparer à des acteurs hollywoodiens des années 50. Il y a également les séductrices qui de gauche comme de droite « vampent » l’électeur. C’est le cas de Ségolène Royal qui a joué à 200 % la carte du packaging avec plus ou moins de réussite. Quant à Rachida Dati et Rama Yade, elles usent et abusent de leur atout séduction, devenant des personnalités « people » dépassant largement la scène politique.

 

Il est vrai que sous le règne de Nicolas Sarkozy, l’image est devenue reine. Lui même revient de très loin, lorsqu’on se rappelle les quolibets sur son apparence physique et sur son allure. Mais Carla Bruni est passée par là et si les jogging à répétition ne suffisaient pas pour redresser l’image du Président, la première dame de France a sorti l’artillerie lourde. Régime draconien, relooking vestimentaire, coach privé et voilà le Président métamorphosé. Après avoir montré l’exemple, Nicolas Sarkozy a clairement fait passer le message au sein du gouvernement, que se soit en matière vestimentaire ou de surcharge pondérale. L’idée est claire: un homme politique qui n’est pas capable de maîtriser son image n’est pas capable d’agir sur le cours des évènements, il subit là où il devrait agir. Jogging, costumes à la mode, régimes, le message est bien passé. Observons Brice Hortefeux qui a considérablement maigri ou Eric Besson devenu joggeur régulier. Energie, jeunesse, renouveau, la rupture s’affiche autant sur la feuille de route que sur la forme tant on connaît l’importance de la notion de « perception » chez Nicolas Sarkozy.

 

Mais attention, à trop être dans l’image, on risque de passer à côté de l’essentiel, et si la forme se substitue au fond, gare à l’effet boomerang.

 

 

La phrase de la semaine :

«J’entends nos écologistes dire qu’ils vont faire campagne sur le thème de la décroissance. Est ce qu’ils savent qu’il y a du chômage et de la misère, dans le monde ?». De Nicolas Sarkozy lors du conseil national de l’UMP .

 

rôme Boué