Humeur :
2012.
Hollywood serait-il plus fort que Kyoto ou encore Copenhague ? En effet, alors que les soi-disant spécialistes du climat ne cessent d’annoncer que la terre est sur le point d’exploser à cause de la pollution au dioxyde de carbone, il aura suffi d’un film hollywoodien à grand spectacle pour relancer et surtout crédibiliser une crainte ancestrale selon laquelle la fin du monde serait proche. L’argumentation de cette thèse est simple : le calendrier maya se termine le 21 décembre 2012. Il ne nous resterait donc plus très longtemps pour profiter de notre chère planète bleue… Ignorant le fait que la civilisation maya a commencé trois siècles avant l’ère chrétienne et que son calendrier s’adapte difficilement au nôtre (d’où des querelles de scientifiques pour savoir si la fin du cycle maya aura lieu en 2012 ou en 2220), cette perspective s’est ainsi répandue comme une plaque de pétrole sur un lac. Si nous ne sommes ni devins, ni mayas et encore moins défaitistes pour donner quelques crédits à cette thèse de fin du monde dans tout juste trois ans, il faut néanmoins reconnaître que 2012 se présente comme une année de grands dangers pour la stabilité économique et politique de la planète.
Tout d’abord, 2012 sera une année d’élection présidentielle dans trois grandes nations, en l’occurrence les Etats-Unis,
Et ce d’autant que, quelques mois auparavant,
Mais soyons rassurés,
Enfin, pour ne rien arranger, l’année 2012 devrait aussi coïncider avec la confirmation de la puissance économique dominante de
Marc Touati
Quid de l’économie cette semaine ?
Etats-Unis : la soft recovery se confirme.
La reprise en douceur se confirme aux Etats-Unis tant sur le front de la consommation des ménages que de la production industrielle. Et ce n’est qu’un début. Enfin, sur le front de l’immobilier, si l’hémorragie a bien été stoppée, le rebond demeure encore fragile.
Tout d’abord, après avoir chuté de 2,3% en septembre, les ventes au détail ont progressé de 1,4% en octobre affichant ainsi un acquis de croissance de 0,6% pour le quatrième trimestre. Les ventes au détail en octobre ont notamment été tirées par les dépenses automobiles. Et ce, en dépit de l’arrêt de la prime automobile américaine fin août. Cette dernière a donc vraisemblablement généré une dynamique durable.
Hors automobile, les ventes au détail n’ont progressé que d’un petit 0,2% alors que le consensus attendait une hausse de 0,4%. Néanmoins, les arguments en faveur de la poursuite du rebond de la consommation aux Etats-Unis ne manquent pas. Tout d’abord, les ménages disposent d’une épargne appréciable dans laquelle ils pourront puiser afin de maintenir un certain niveau de consommation. C’est d’ailleurs ce qu’ils ont déjà commencé à faire au cours des derniers mois, le taux d’épargne passant de 5,9 % en mai dernier à 3,3 % en septembre (contre une moyenne de 1,7 % de 2005 à 2007). Ensuite, les salaires réels continuent d’augmenter à un rythme annuel proche de 4 %.
Enfin, la réduction des destructions d’emplois devrait se poursuivre dans les mois à venir et même se transformer en créations d’emplois à partir du printemps, ce qui soutiendra le pouvoir d’achat des ménages américains. L’euphorie n’est donc pas de mise, mais il est certain que la consommation, qui représente environ 70% du PIB américain, a durablement retrouvé le chemin de la hausse.
Le rebond reste conséquent sur le front de la consommation.
Par ailleurs, après avoir augmenté de 0,6% en septembre, la production industrielle a progressé de 0,1% en octobre. Si de prime abord ce chiffre peut apparaître comme décevant puisque le consensus attendait une hausse de 0,4%, il confirme néanmoins la tendance, puisque la production industrielle affiche en octobre un quatrième mois consécutif de hausse. La production manufacturière affiche toutefois une petite baisse de 0,1% principalement du fait de la fin de la prime à la casse automobile. En effet la production automobile qui avait progressé de 8,1% en septembre, affiche une baisse de 1,7% en octobre.
En revanche, les biens d’équipement, qui avaient reculé de 0,4% en septembre, ne régressent que de 0,2% sur le mois d’octobre. Quant aux biens de consommation, après trois mois consécutifs de hausse, ils affichent une croissance nulle en octobre. En d’autres termes, les moteurs privés que sont la consommation des ménages et l’investissement des entreprises continueront de soutenir la reprise américaine à l’avenir.
Et ce d’autant que la hausse des indices des dernières enquêtes ISM (et notamment l’indice production qui affiche un niveau de 63,3 en octobre soit un plus haut depuis juillet 2004) indique que le glissement annuel de la production industrielle devrait atteindre 4 % d’ici le début 2010 (graphique ci dessous), contre – 7,1 % aujourd’hui.
La reprise de la production industrielle sera forte.
En outre, la production industrielle, qui a déjà progressé de 1,4% au troisième trimestre, affiche désormais un acquis de croissance significatif de 0,9% pour le quatrième trimestre. Dans ce cadre, au cours de ce même trimestre, la progression du PIB américain pourrait avoisiner les 2% en rythme annualisé.
De surcroît, le taux d’utilisation des capacités de production a augmenté pour le quatrième mois consécutif à 70,7 %, soit un plus haut depuis décembre 2008. De quoi confirmer que les entreprises américaines, qui avaient procédé à des ajustements beaucoup trop élevés au regard des fondamentaux économiques, devront désormais réinvestir en conséquence.
Enfin, les mises en chantier qui avaient progressé de 9% au troisième trimestre, marquent le pas puisqu’elles affichent une baisse de 10 % en octobre soit un plus bas depuis sept mois. Quant aux permis de construire qui constituent un indicateur avancé des mises en chantier, ils régressent de 4 % sur ce même mois. Cela signifie que si la reprise est bien en marche en matière d’investissement logement des ménages, le rebond demeure toutefois très lent.
Immobilier: un rebond fragile
Pour conclure, le cercle vertueux de croissance investissement-emploi-consommation est bien en marche aux Etats-Unis et il se consolide progressivement. De plus, l’économie américaine pourra compter sur une politique monétaire accommodante jusqu’au printemps 2010, ainsi que sur une relance budgétaire de 450 milliards de dollars sur le front de l’investissement. Ces soutiens permettront inévitablement d’accentuer et de pérenniser la reprise actuelle.
Jérôme Boué
La météo économique de la semaine écoulée :
Les Marchés :
Le Japon de nouveau sur la bonne voie ?
Même si l’on s’attendait à un bon résultat, la progression du PIB japonais de 4,8 % au troisième trimestre a surpris par son ampleur. Et pour cause, depuis 1991 et le début de la crise nippone, une telle performance n’a été dépassée qu’à quatre reprises : au quatrième trimestre 1996, au premier de 2000, au quatrième de 2003 et au premier de 2007. Il n’en a pas fallu davantage pour entendre ceux qui enterraient définitivement le Japon il y a encore quelques semaines, annoncer que ce dernier était finalement reparti sur de bons rails et qu’il devrait désormais nous réserver que des bonnes surprises, notamment d’un point de vue boursier.
Cette volte face est évidemment excessive mais aussi dangereuse. Certes, grâce au rebond de son PIB, le Japon confirme qu’il sort, lui aussi, de la récession, permettant mécaniquement au Kabuto Cho, et notamment à son indice phare le Nikkei, de retrouver quelques couleurs.
Une augmentation du PIB de bon augure pour le Kabuto Cho.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que ce rebond reste technique, c’est-à-dire qu’il vient avant tout corriger la faiblesse de l’activité des dernières années. Cette correction est d’ailleurs très relative, dans la mesure où le glissement annuel du PIB nippon reste toujours très bas à précisément – 4,5 %.
Si les – 8,6 % du premier trimestre appartiennent donc bien au passé, le retour en territoire positif paraît néanmoins toujours loin. C’est du moins ce qui ressort des dernières enquêtes Tankan dans l’industrie et les services qui montrent que le glissement annuel du PIB devrait au mieux atteindre – 3 % au quatrième trimestre 2009. En d’autres termes, il n’y a vraiment pas de quoi sauter au plafond.
De plus, il ne faut pas oublier que la crise japonaise ne date pas de 2008 mais a commencé dans les années 90. Ainsi, de 1997 à début 2003, le PIB nippon a connu une croissance zéro. Ensuite, il a progressivement repris des couleurs jusqu’au début 2008 pour ensuite s’effondrer de presque 9 % en un an. Dès lors, en dépit du rebond des deux derniers trimestres et même si à l’avenir, le PIB japonais progresse de 0,5 % par trimestre, il ne retrouvera son niveau de début 2008 qu’en 2013.
De quoi rappeler que si le Nikkei dispose d’une marge de progression appréciable, il ne retrouvera pas de sitôt les 39 000 points atteints fin 1990.
Des perspectives toujours peu enthousiasmantes.
En outre, il faut également souligner que le Japon est l’un des très rares pays développés (avec l’Allemagne) qui enregistre une baisse de sa population. Autrement dit, en dépit d’un effort toujours conséquent en matière de R&D qui le sauve d’ailleurs du marasme, le Japon ne dispose d’une croissance structurelle que d’environ 0,8 % par an.
- Question de confiance !
- France : Une consommation dynamique pour une croissance molle.