France : ne crions pas victoire trop vite !

Monsieur Fillon, ne criez pas victoire trop vite ! Telle pourrait être la conclusion des chiffres de la production industrielle de septembre publiés aujourd’hui. En effet, alors que celle de l’Allemagne a progressé de 2,7 % sur le seul mois de septembre et de 3,5 % sur le troisième trimestre (laissant par là même augurer d’une forte hausse du PIB sur cette même période), celle de la France a été plutôt décevante. Ainsi, après avoir augmenté de 2,8 % en août (chiffre heureusement révisé en hausse de un point par rapport à son estimation précédente), la production industrielle hexagonale a reculé de 1,5 % en septembre.

Pis, une grande majorité des secteurs d’activité enregistre une forte baisse de la production. A commencer par les biens d’investissement (- 3,4 %) et les biens de consommation durables (- 3,3 %). Si ces contre-performances ne contrarient pas le rebond des mois précédents, elles montrent néanmoins que la reprise reste fragile.

Parallèlement, il faut également noter qu’en dépit de la baisse de septembre, la production industrielle réalise une augmentation de 2,9 % sur l’ensemble du troisième trimestre, indiquant par là même que la progression du PIB sur la même période (et qui sera publiée vendredi prochain) devrait être forte et avoisiner les 0,7 %. Autrement dit, les Cassandres qui n’avaient déjà pas anticipé le rebond du deuxième trimestre et qui avaient en conséquence annoncé une rechute pour le troisième trimestre risquent encore d’être déçus.

Pour autant, une correction baissière paraît inévitable fin 2009 et début 2010. D’ores et déjà, la baisse de septembre génère un acquis de décroissance de – 0,1 % pour le quatrième trimestre. Si ce handicap est certes loin d’être insurmontable, il indique néanmoins que la production industrielle va avoir du mal à rester orientée à la hausse avec l’appréciation excessive de l’euro et la fin des mesures de perfusion publique.

C’est bien là la difficulté principale qui attend l’économie française pour les prochains trimestres. Car, dans la mesure où l’essentiel des cartouches du plan de relance a été utilisé cette année, permettant donc à la France de limiter la casse en 2009, que va-t-il rester pour prolonger le rêve en 2010 ? La réponse choisie par le gouvernement s’appelle « grand emprunt », encore faut-il que ce dernier soit efficace et que ses effets ne soient pas contrecarrés par un euro trop fort ou par un resserrement monétaire trop rapide. A l’évidence, l’heure de la victoire n’a pas encore sonnée…

 

Marc Touati