Chirac, Pasqua, même combat.

Le pas de deux Chirac-Pasqua sur un air de « je t’aime moi non plus » dure depuis plus de 40 ans. Charles Pasqua fut avec Jérôme Monod et Alain Juppé l’un des premiers fidèles de Jacques Chirac lors de la création du RPR en 1976. Son destin semble alors irrémédiablement lié à celui de l’ex Président. Pasqua qui fut de toutes les batailles apparaît véritablement sur le devant de la scène lorsque Chirac fit de lui le Premier Flic de France. Ce poste, Pasqua le souhaitait plus que tout et il avait à l’époque clairement menacé Jacques Chirac de partir en guerre contre lui s’il confiait la Place Beauvau à un autre que lui.

 

Après la bataille perdue de 1981, le coup est donc rude lorsqu’en 1988, François Mitterrand défait pour la deuxième fois Jacques Chirac qui était à l’époque son Premier Ministre. Cependant, même s’il n’est plus au pouvoir, Charles Pasqua bénéficie encore de l’aide de réseaux efficaces qu’il sera entretenir jusqu’à son retour aux affaires en 1993. Mais ses liens avec Chirac commencent à s’étioler lors de son alliance avec Philippe Seguin en 1991 lorsqu’il ébauche la constitution d’un nouveau mouvement qui avortera très rapidement. Revenu au pouvoir en 1993, Pasqua rentre par la grande porte comme Ministre d’Etat chargé de l’Aménagement du Territoire, cette fois-ci avec les coudées franches, puisqu’il est délesté de son Ministre délégué à la sécurité Robert Pandreau.

 

Le schisme avec Jacques Chirac se matérialise lorsqu’en 1994, il écrit à ce dernier pour lui signifier qu’il soutiendra Edouard Balladur lors de la campagne présidentielle de 1995. Suite à la défaite de son « cheval », Pasqua rejoint la liste des disgraciés (Sarkozy, Léotard…) à qui Chirac n’a jamais pardonné leur traîtrise. Balladur dans le décor, Chirac contre lui, Pasqua va désormais rouler pour lui -même et se voit dès 2000 candidat potentiel à la présidentielle de 2002. Malheureusement pour lui, il est mis en examen le 29 mai 2001 pour financement illégal de campagne électorale et pour abus de bien social dans l’affaire des ventes d’armes à l’Angola. Ces affaires sonneront le glas des ambitions présidentielles de Pasqua et le début d’une série de batailles de procédures.

 

Alors qu’en Juillet 2004, son immunité parlementaire prend fin, Charles Pasqua au bord du gouffre se tourne alors vers Jacques Chirac pour lui demander son soutien. Malgré leurs différends, et eu égard à leurs 40 ans de « compagnonnage », Chirac active ses réseaux pour qu’ils œuvrent à l’élection de Pasqua au poste de sénateur UMP des Hauts de Seine. Toutefois, cette pirouette n’empêchera pas Charles Pasqua d’être rattrapé par l’affaire de l’Angolagate, et sa condamnation à 3 ans de prison don 2 avec sursis tombe comme le couperet. Ironie du sort, c’est quasiment au même moment que Jacques Chirac est rattrapé par la justice dans le cadre de l’affaire des chargés de mission de la Ville de Paris. A suivre…

 

La phrase de la semaine :

«Le problème pour moi n’a jamais été Chirac mais Bernadette. Elle me déteste, elle m’a toujours détesté et c’est elle qui a poussé Chirac à dealer avec Sarko sur mon dos » de Dominique de Villepin

 

rôme Boué