France : les ménages veulent encore y croire.

Après le rebond de la consommation en septembre et la remontée du climat des affaires dans l’industrie depuis sept mois, c’est au tour de la confiance des ménages de poursuivre son redressement. Certes, pour le troisième mois consécutif, elle ne progresse que d’un point, mais avec un niveau de – 35 en octobre, elle atteint désormais un plus haut depuis janvier 2008, c’est-à-dire une période où la récession n’avait pas encore commencé dans l’Hexagone et où les Français étaient loin de se douter des graves difficultés qui les attendaient.

Bien entendu, cet indicateur du moral des ménages reste encore loin de sa moyenne de long terme (qui se situe à – 18 sur les 22 dernières années). Cependant, son amélioration récente est due à une progression de la quasi-totalité des sous-indices de l’enquête INSEE. A commencer par celui relatif à l’opportunité de faire des achats importants, qui gagne encore 3 points en octobre, ce qui lui permet de réaliser une hausse de neuf points depuis le point bas de février dernier et d’atteindre un plus haut depuis décembre 2007.

Autrement dit, après la bonne performance de septembre et même si une correction devrait être enregistrée en octobre, la consommation des ménages devrait réaliser une bonne fin d’année et, comme d’habitude, profiter de soldes appréciables.

Le seul point d’interrogation demeure sur l’après-janvier 2010. Car si la consommation et le moral des ménages seront jusqu’alors sous perfusion publique, que deviendront-ils lorsque la perfusion sera réduite, voire enlevée ? Si le chômage continue d’augmenter, un retournement de la consommation sera inévitable.

C’est en cela que les deux enquêtes INSEE publiées aujourd’hui recèlent deux véritables bonnes nouvelles. D’une part, les ménages se déclarent moins inquiets sur l’augmentation du chômage. Et ce pour le quatrième mois consécutif. Depuis juin, cet indicateur s’est même amélioré de 28 points. Si bien qu’aujourd’hui, les perspectives d’augmentation du chômage des ménages français atteignent un plus bas depuis septembre 2008.

Mais ce n’est pas tout. Car certains pourraient balayer cette amélioration en soutenant que les ménages font preuve d’illusion monétaire ou bien qu’ils prennent trop de prozac. C’est en cela que l’enquête trimestrielle de l’INSEE dans l’industrie prend toute son importance. En effet, en plus d’annoncer une forte progression de la demande globale tant passée que future, cette enquête fait également état de l’amélioration de l’évolution passée et à venir des effectifs. L’indice des perspectives des effectifs atteint même un point haut depuis le troisième trimestre 2008. Si le chemin des fortes créations d’emplois n’est évidemment pas d’actualité, cette évolution indique néanmoins que l’augmentation du chômage devrait rester limitée dans les prochains trimestres. En espérant qu‘un euro durablement trop fort et un resserrement monétaire hâtif ne viennent pas tout gâcher.

 

Marc Touati