VGE, Mitterrand, Chirac, Sarkozy : tous séducteurs ?

La sortie du roman évènement « la Princesse et le Président » dans lequel Valéry Giscard d’Estaing met en scène la liaison secrète qu’il aurait eue avec la princesse Diana est l’occasion de revenir sur le thème de la séduction en politique. VGE, pur produit des grandes écoles (Polytechnique, ENA), voulait imposer un nouveau style de présidence basé sur la jeunesse et la modernité. Il s’inspirait ainsi fortement de John Kennedy et de son image de playboy qui fascinait l’Amérique. Au moment de son élection, VGE avait quarante-huit ans, ce qui faisait de lui le plus jeune Président de la République jamais élu. Il s’imposa très vite comme un Président dynamique et sportif (tennis, football, ski) dont le côté séducteur tranchait avec le style du Général de Gaulle ou de Pompidou. Cette image, et les liaisons féminines qu’on lui prêta, ne porta pourtant aucunement préjudice à sa carrière politique dans la France des années 70, où la vie privée des élus était un sujet tabou dans la presse mais aussi chez les Français.

 

Le voile se leva sous l’ère Mitterrand. En effet, alors que l’ex Président, séducteur notoire, avait réussi à conserver le secret de sa paternité, la parution des photos où il apparaissait avec sa fille illégitime marqua un tournant important dans l’histoire de la Vème République. Pour la première fois, la vie privée d’un chef d’Etat était affichée au grand jour. Mitterrand qui vit les photos donna toutefois son accord et la France entière découvrit la « fille cachée du Président ». Le Président fit remarquer sèchement a ses services de sécurité que le téléobjectif utilisé aurait pu être aussi bien un fusil à lunette…

 

Sous la présidence de Jacques Chirac, la séduction joua un rôle plus « fondamental ». Il est vrai que l’ex Président qui avait dans sa jeunesse – selon Marie France Garaud – « une beauté à couper le souffle » usa et abusa de l’arme de la séduction. Il incarne d’ailleurs parfaitement l’épicurien bon vivant, symbole d’une certaine France bien gauloise qui lui faisait d’ailleurs un triomphe chaque année au salon de l’agriculture. Image diamétralement opposée de celle d’un Balladur ou d’un Jospin, et qui lui a beaucoup servi notamment lors de la campagne présidentielle de 1995. Edouard Balladur au style convenu, compassé et ennuyeux creusa un fossé entre lui et les Français qu’il ne parvint jamais à combler. Et ce, malgré les efforts de ses conseillers en communication qui le forcèrent à prendre le métro ou à manger le méchoui avec les doigts. Quant à Lionel Jospin aux allures de professeur de faculté, il incarnait l’austérité et l’ascétisme, des valeurs très chères aux Français…

 

Avec Nicolas Sarkozy, une nouvelle ère s’est ouverte avec ce que l’on peut appeler la starification du Chef de l’Etat. Les tabous des années 70 ont laissé la place aux chasseurs d’images et à la presse à sensation. D’ailleurs, il est intéressant de constater que le photographe qui « piègea » Mitterrand et Mazarine est désormais un très bon ami de la première dame de France. La vie privée du chef de l’Etat est devenue un véritable feuilleton suivi avec gourmandise par nombreux de nos concitoyens. On peut effectivement parler dans ce cas de transparence et de rupture avec les habitudes du passé. Mais attention à ne pas aller trop loin car si en politique, le séducteur bon vivant l’emporte souvent sur l’austère, les Français sont très attachés à la dignité de la fonction présidentielle. Il semble que dans ce domaine l’ultra médiatisé Nicolas Sarkozy ait déjà franchi la ligne jaune.

 

 

La phrase de la semaine :

«Nous, on ne fait que du bon déficit, du déficit qui va permettre de relancer la croissance et de créer des emplois.» de Nicolas Sarkozy

 

rôme Boué