France : le rebond oui, la reprise pas encore…

Après la belle remontée de la production industrielle en mai et la hausse soutenue de la consommation en juin, l’économie française reste installée sur son petit nuage estival. En effet, après trois mois de hausse appréciable, le climat des affaires dans l’industrie hexagonale a continué de progresser, gagnant deux points en juin, soit une augmentation de 10 points en quatre mois. Avec un niveau de 78, cet indicateur avancé de l’activité industrielle et globale atteint ainsi un plus haut depuis novembre dernier. Ce qui est certes appréciable mais loin d’être euphorique.

Rappelons effectivement que la moyenne de long terme de cet indicateur se situe à 100 et qu’en juillet 2008, celui-ci atteignait 97. Autrement dit, en supposant que l’activité industrielle continuera de s’améliorer au rythme actuel (ce qui reste une hypothèse forte), il lui faudra encore attendre une dizaine de mois avant de retrouver le chemin de la normalité.

En fait, l’activité industrielle hexagonale ne fait que rebondir en correction de l’écroulement enregistré depuis un an et demi mais reste encore très éloignée de la croissance forte et durable.

C’est d’ailleurs ce qu’indique l’ensemble des sous-indicateurs de l’enquête. A commencer par les carnets de commandes qui gagnent deux points à l’étranger et un petit point dans leur globalité. Avec un niveau de – 68, l’indice des carnets de commandes globaux ne gagne que deux points par rapport à son niveau de mars et accuse encore un repli de 30 points par rapport à sa moyenne depuis 1976. A l’évidence, il n’y a pas de quoi sauter au plafond.

De même, la stabilisation des perspectives générales de production à un niveau de -40 confirme certes les 36 points d’amélioration enregistrés de mars à juin, mais montre que l’inquiétude reste de mise, le niveau moyen de cet indice depuis 1976 étant de – 9.

Il y a néanmoins une véritable bonne nouvelle dans cette enquête, à savoir la nouvelle hausse de trois points des perspectives personnelles de production qui constitue l’indicateur avancé le plus fiable d l’activité industrielle. Avec un niveau de – 14 en juillet, cet indice réalise ainsi une remontée de 33 points par rapport à son plus bas de mars 2009. Et s’il se situe encore dix points en deçà de sa moyenne de long terme, cet indice atteint désormais un plus haut depuis septembre 2008, c’est-à-dire avant le cataclysme que l’on connaît.

En conclusion, il est donc possible d’affirmer que l’industrie française a bien connu le plus dur et est bien en train de sortir de la récession. En revanche, il s’agit plus d’un rebond technique que d’une reprise durable. Pour transformer l’essai, l’industrie et plus globalement l’activité globale de la France ont besoin d’un euro plus faible, de taux d’intérêt  durablement bas et de l’arrêt de l’augmentation des cours des matières premières. Si une de ces conditions n’est pas respectée, le rebond ne se transformera pas en reprise.

En d’autres termes, l’activité hexagonale est en convalescence et toute nouvelle contrariété pourrait la faire rechuter.

Marc Touati