Ce serait un euphémisme de dire que ces élections européennes ont incontestablement changé le paysage politique.
L’UMP tout d’abord qui réalise un meilleur score que prévu avec 28%, menant à la victoire pour la première fois depuis 1979 le parti du Président. Tout l’indique, c’est un franc succès pour Nicolas Sarkozy qui renforce encore davantage sa position de leader pour l’élection présidentielle de 2012. Cependant le Président aurait tort de crier victoire trop vite… En effet une grande partie de son succès repose sur l’effondrement du Parti Socialiste et du Modem qui peuvent ne pas rester éternellement sous perfusion. De plus d’autres échéances électorales moins plaisantes comme les régionales attendent la majorité, échéances qui pourraient redonner aux Français l’envie de pratiquer leur sport national : l’alternance.
A gauche ensuite, le Parti Socialiste qui était déjà en convalescence de longue durée ressort encore un peu plus affaibli de ces élections. Si le PS ne se remet pas en cause à la suite d’une telle débâcle électorale son avenir déjà peu reluisant risque de se compromettre encore plus. De surcroît, avec le Danemark, le PS Français est celui qui réalise le plus mauvais score au niveau européen. Délaissé par les classes populaires, vidé de sa substance par une droite qui s’est social démocratisée, le PS doit également faire face à un problème de leadership. Et il doit encore devenir une vraie force de proposition avec un réel projet de société. En effet avec l’antisarkozysme comme idéologie et Martine Aubry pour mener les batailles électorales, il devient urgent de changer de plan de route et de capitaine sous peine de faire sombrer le navire.
François Bayrou quant à lui n’est pas mieux loti. La cuisante défaite électorale du MODEM remet en cause l’existence de ce parti déjà fragile qui risque à terme de se voir absorber par le PS. En effet le Parti Socialiste ne pourra faire l’économie d’une vaste stratégie d’alliance s’il espère diriger un jour le pays. De ce point de vue, la mouvance écologiste s’affirme désormais comme une véritable force électorale avec laquelle il faudra compter. Rendons à César ce qui appartient à César en soulignant le rôle prépondérant de Daniel Cohn Bendit qui devient désormais un personnage politique de premier plan .
Il semble donc que le paysage politique qui se dessine nous ramène 30 ans en arrière à l’époque de l’union de la gauche mais sans les communistes devenus quantité négligeable. Autant l’équation est simple puisque les principaux opposants à Sarkozy sont obligés de se regrouper pour le vaincre, autant la pratique est compliquée. En effet des stratégies d’alliances ne sont solides que si leurs fondations sont solides sur le plan des idées. Autant dire que Martine Aubry, François Bayrou et Daniel Cohn Bendit ont du pain sur la planche et Nicolas Sarkozy encore de beaux jours devant lui.
La phrase de la semaine :
«Vu le contexte, je crois que je reste aux finances. Je l’agaçais, mais maintenant il me trouve efficace.» de Christine Lagarde à propos de l’avis de Nicolas Sarkozy sur son éventuelle nomination à la justice.
Jérôme Boué