Hormis l’élection présidentielle, bien peu d’échéances électorales sont à même de mobiliser les Français. En 2007 la fin de l’ère Chirac ainsi que la bouillonnante campagne de Nicolas Sarkozy avaient généré une forte participation et provisoirement réconcilié les Français avec la politique. Malheureusement ce ne fut pas le cas lors des dernières élections européennes, marquées par une abstention massive de 60%. Plusieurs raisons expliquent cette désaffection de nos compatriotes pour les urnes. Tout d’abord il existe un fossé entre l’Europe et les Français comme l’a illustré le rejet de la constitution européenne à 55% en 2005. En effet pour beaucoup de nos concitoyens l’union européenne n’a fait qu’empirer leur situation personnelle notamment en termes d’emploi ou de pouvoir d’achat. En particulier face à la crise actuelle et à la peur des lendemains difficiles, l’Europe apparaît bien souvent comme un bouc émissaire idéal. Alors que l’union européenne devait être une solution elle apparaît donc pour beaucoup comme la source de tous les maux. Ensuite ces élections demeurent abstraites pour une majorité de Français qui maîtrisent difficilement la complexité des institutions européennes, par ailleurs trop éloignées de leurs préoccupations quotidiennes. Quel est le rôle du parlement et celui d’un député européen ? Qu’est ce qu’une élection avec un mode de scrutin à la proportionnelle ? A l’image du décalage entre la réalité et la perception qu’en ont les Français, une partie de nos concitoyens pensaient que François Bayrou était candidat à cette élection… De plus cette élection perd de sa signification car elle est très éloignée de la prochaine grosse échéance électorale, à la différence de l’Allemagne et du Royaume Uni qui connaîtront des élections législatives respectivement en septembre 2009 et en 2010. Il est vrai que nos hommes politiques ont une part de responsabilité non négligeable dans le fort taux d’abstention de cette élection. Tout d’abord il n’y a pas de véritable politique européenne puisque à l’exception des référendums, les Français entendent parler de l’Europe pendant quinze jours une fois tous les cinq ans. Ensuite, hormis le programme des écologistes, il y eut très peu de thèmes concrets et mobilisateurs abordés par les différents partis. En revanche, et cela transcende les clivages partisans, cette élection apparaît comme une grand exercice de politique politicienne où l’on vote pour un parti politique davantage que pour un programme. Les Français dont l’abstention a toujours été 2 % supérieure à la moyenne européenne, font figure de mauvais élèves en alimentant les chiffres d’une abstention qui a déjà progressé de 10% en dix ans. Au delà de la victoire de l’UMP, du très bon score des écologistes et de l’effondrement socialiste, l’Union européenne est bien la grande perdante de ces tristes élections. La phrase de la semaine : «J’ai toujours dit que Bayrou n’avait ni le talent ni l’humilité pour construire un vrai parti. Le MoDem, ce n’est pas un parti, c’est une basse-cour autour d’un paon.» de Nicolas Sarkozy Jérôme Boué
Pourquoi autant d’abstention ?
- Industrie française : Un retour de quinze ans en arrière
- Et la croissance structurelle dans tout ça ?