Décidément, les consommateurs français ne connaissent pas la crise. Ainsi, en dépit de l’augmentation du chômage et malgré un environnement médiatique angoissant qui leur annonce le pire, les Français continuent d’augmenter leurs dépenses de consommation. Certes, la progression de ces dernières au mois de mars a été révisée à 0,6 %, contre + 1,1 % en première estimation. De quoi remettre sur la table le problème de la fiabilité des statistiques de l’INSEE. Néanmoins, en supposant que les chiffres publiés aujourd’hui ne soient pas faux, la consommation en produits manufacturés a augmenté de 0,7 % en avril. Depuis son point bas de décembre dernier et malgré la correction baissière de février, sa progression atteint 0,9 %. Rien de flamboyant mais une performance tout de même très honorable dans le contexte de déprime actuelle.
Bien entendu, cette résistance s’explique principalement par la vigueur retrouvée du secteur automobile. Les dépenses de consommation en la matière ont ainsi flambé de 3,7 % sur le seul mois d’avril et de 5,8 % sur un an. Autrement dit, la prime de l’Etat et les promotions des différents constructeurs ont porté des fruits aussi juteux qu’inespérés. Histoire de rappeler que lorsqu’on leur donne un petit coup de pouce, les Français n’hésitent pas à casser leur tirelire.
Mais ce comportement positif n’est pas seulement observable dans l’automobile. Ainsi, après deux mois de baisse, les dépenses dans l’équipement du logement ont progressé de 0,8 %. De même, après une flambée de 3,8 % lors des soldes de janvier, puis une correction de – 7,5 % en janvier, la consommation en textile-cuir a non seulement rebondi de 3,6 % en mars mais a aussi continué de croître de 0,3 % en avril. Si l’euphorie de la fièvre acheteuse du début des années 2000 n’est évidemment pas d’actualité, cette résistance confirme néanmoins que les consommateurs français n’ont toujours pas déposé les armes.
Une question demeure alors : est-ce durable ? Si l’augmentation du chômage et la légère remontée des prix du pétrole amoindriront inévitablement les dépenses des ménages, il est clair que la baisse des taux d’intérêt, la poursuite de la faiblesse de l’inflation et un taux d’épargne à quasiment 16 % empêcheront la consommation de s’effondrer.
Si certains l’ont oublié, les ménages français nous rappellent simplement que les crises sont toujours des phases d’opportunités. En matière de consommation, ces opportunités réside à la fois dans la baisse des prix et dans l’utilisation d’une épargne pléthorique et faiblement rémunérée.
Dans la mesure où la plupart des entreprises n’ont pas anticipé cette bonne tenue et ont déstocké massivement, un retour de bâton positif pourrait s’enclencher assez rapidement, notamment en matière de stocks mais aussi d’investissements, voire d’emplois.
Même si deux points (mars et avril en l’occurrence) ne font pas une tendance et même si une correction pourrait s’observer en mai, la consommation devrait permettre au PIB français d’éviter une nouvelle forte baisse au deuxième trimestre.
Le bout du tunnel n’est donc plus très loin. Il ne reste plus qu’à espérer que
Marc Touati