Avant la publication vendredi 15 mai de la forte baisse du PIB français du premier trimestre, les prix à la consommation d’avril ont déjà annoncé la couleur : l’économie hexagonale est en train de vivre des moments historiques dont on se serait bien passé. Non seulement parce que sa récession est la plus grave depuis l’après-guerre, mais aussi parce que son inflation n’a jamais été aussi faible.
Ainsi, en avril 2009, le glissement annuel des prix à la consommation a atteint 0,1 %, du jamais vu depuis que la statistique existe (c’est-à-dire 1972 et donc 1973 pour le glissement annuel).
Bien entendu, ce chiffre ne suffit pas pour justifier l’entrée de
Dans ce cadre, il est tout aussi instructif de noter que, hors loyers et tabac, les prix affichent déjà un glissement annuel nul.
En outre et surtout, dans la mesure où les prix à la consommation ont augmenté de 0,5 % et 0,4 % respectivement en mai et juin 2008, il est quasiment assuré que dès le mois de mai 2009, le glissement annuel des prix passera en territoire négatif et n’en sortira pas au moins jusqu’en juin.
A l’heure où certains agitent déjà le chiffon rouge de l’hyperinflation, il serait donc peut-être bon de rappeler que le véritable fléau qui menace aujourd’hui
Certes, après la flambée excessive des dernières années, notamment par rapport aux revenus, il est plutôt salutaire que les prix baissent, en particulier pour redonner un peu de pouvoir d’achat aux ménages qui en ont tant besoin. Néanmoins, si la déflation s’installe, elle risque de durer bien longtemps et d’entraîner une spirale déflation-récession-chômage, à l’instar de ce qui s’était observé dans les années 30 aux Etats-Unis ou s’observe encore actuellement au Japon et ce depuis plus de quinze ans.
Autrement dit, au regard de ce risque de déflation durable, les réponses de politique économique apparaissent bien timides : le niveau du taux refi demeure encore trop élevé et l’appréciation de l’euro/dollar largement disproportionnée, voire dangereuse.
Marc Touati