Si la baisse du PIB américain au premier trimestre a été plus forte que prévu, le rebond de la consommation au cours de ce même trimestre et la nette amélioration de la confiance des ménages en avril confirment que le plus dur est bien passé outre-Atlantique.
Evidemment, il ne faut pas se voiler la face : la récession a encore marqué des points aux Etats-Unis au premier trimestre 2009. En effet, après avoir déjà baissé de 0,5 % (en rythme annualisé) au troisième trimestre 2008 et de 6,3 % au quatrième trimestre, le PIB américain a encore chuté de 6,1 % au premier trimestre 2009. Son glissement annuel atteint désormais – 2,6 %, un plus bas depuis le troisième trimestre 1982.
L’explication de cette nouvelle décrue réside principalement dans l’écroulement de 51,8 % de l’investissement (- 37,9 % pour l’investissement des entreprises et – 38 % pour l’investissement des ménages) et dans le déstockage historique observé au premier trimestre 2009. Hors stocks, la baisse du PIB n’a d’ailleurs été que de 3,4 %, soit bien mieux qu’attendu par le consensus (à savoir – 4,7 %).
C’est certainement la raison pour laquelle les marchés boursiers n’ont pas pris trop ombrage de la baisse globale du PIB. En outre, ce double mouvement de désinvestissement et de déstockage historique apparaît largement excessif par rapport à la relance qui est en train de se mettre en place outre-Atlantique.
Autrement dit, dès le deuxième trimestre, un mouvement correctif devrait s’observer, en particulier sur le front des stocks, qui ont tellement baissé qu’ils ne peuvent que remonter, et sur celui de l’investissement logement qui devrait notamment bénéficier de l’augmentation des mises en chantier du premier trimestre. Dans ce cadre, le premier trimestre devrait constituer le point bas de l’actuelle récession américaine.
Par ailleurs, il faut également noter que les comptes nationaux américains du premier trimestre ont agréablement surpris par le rebond significatif de la consommation des ménages. Cette dernière, qui rappelons-le, représente 70 % du PIB américain, a effectivement progressé de 2,2 % au premier trimestre, c’est-à-dire sa plus forte hausse depuis le premier trimestre 2007. Et ce alors que le chômage a fortement augmenté sur la même période et que la relance fiscale n’a pas encore commencé.
En d’autres termes, si la consommation a rebondi avant même le début de la relance budgétaire Obama, elle fera forcément encore mieux une fois cette relance en action.
Cette perspective a d’ailleurs été confirmée par l’augmentation spectaculaire de la confiance des ménages calculée par le Conference Board en avril. En effet, après un premier rebond en mars, cet indicateur avancé de la consommation a flambé de 45,7 % sur le seul mois d’avril. Même si avec un niveau de 39,2, cet indice reste encore très bas, il atteint un plus haut depuis novembre 2008 et montre que l’heure des retrouvailles entre les ménages et la confiance a sonné. Et ce d’autant que l’amélioration de l’indice de confiance s’explique principalement par le saut de 81,3 % des perspectives d’activité des ménages au cours des deux derniers mois, qui atteignent désormais un plus haut depuis septembre 2008.
Dans ce cadre, nous confirmons notre scénario d’un fort rebond du PIB américain du deuxième au quatrième trimestre 2009 et d’une poursuite de la reprise en 2010. Malheureusement, compte tenu d’un acquis de décroissance de – 2,7 % à la fin du premier trimestre 2009, la variation annuelle moyenne du PIB restera négative sur 2009, mais seulement aux alentours des – 1 %. Quant à 2010, nous anticipons que l’économie américaine devrait retrouver une croissance moyenne positive de 2,6 %.
Marc Touati