Rachida Dati côté pile et côté face

Rachida Dati n’est pas une simple Ministre mais un véritable phénomène de société, les récents ouvrages qui lui ont été consacrés en sont d’ailleurs l’illustration. La garde des sceaux a deux faces bien distinctes mais indissociables.

 

Côté pile tout d’abord la ministre de la justice représente le symbole d’intégration sociale par excellence. Issue d’une famille nombreuse et modeste, n’ayant pas fait de grande école, Rachida Dati n’a pas pris l’ascenseur social mais Ariane !… Ambitieuse et audacieuse, opportuniste et opiniâtre, elle a su se faire remarquer par Nicolas Sarkozy. L’actuel Président a immédiatement compris l’avantage politique qu’il pouvait tirer du symbole Dati . Cette dernière occupa donc une place prépondérante dans la campagne présidentielle durant laquelle sa répartie, son éloquence et son assurance lui permirent de tenir tête aux lieutenants de Ségolène Royal. Mais l’aventure du symbole ne s’arrête pas là et à l’heure de la victoire le Président fraîchement élu fit d’elle un Ministre de premier plan. S’il est vrai que Rachida Dati disposait de certaines compétences pour prendre la tête de ce ministère, il faut souligner que d’autres personnalités auraient pu représenter un meilleur casting … Il s’agit donc bien d’une nomination symbolique et politique, soit un vrai paradoxe pour un Président qui se présente comme l’homme de la culture du résultat et des compétences.

 

Prenant exemple sur Nicolas Sarkozy, Rachida Dati devint rapidement la terreur du ministère, faisant sienne la devise « la meilleure défense c’est l’attaque ». « Vous n’êtes pas fait pour le job » devient une des ses répliques préférées et les démissions succèdent dans les rangs de ses collaborateurs directs. Autre syndrome dont elle hérita de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati montra un certain penchant pour le luxe et les paillettes. Travers compréhensible mais difficilement pardonnable au poste qui est le sien, qui plus est dans une conjoncture économique très difficile. Il faut dire qu’avec un Président mentor qui lui lançait des conseils comme «prend tout ce que tu peux prendre », la garde des sceaux n’avait pas de raison de se priver…

 

On en arrive donc à la « dark side » de Rachida Dati. Tout d’abord, si l’on retrace les différentes étapes de son ascension, on observe nettement un côté « prête à tout pour réussir ». C’est ainsi qu’à ses débuts elle sollicita plusieurs personnalités du monde politique et des affaires dont Jacques Attali par des « j’ai besoin de vous », n’hésitant pas à les harceler de courriers et de « ne m’oubliez pas ». A l’époque, celle qui se défend aujourd’hui d’être « la beurette de service » jouait pleinement la carte de ses origines afin de convaincre ses interlocuteurs qu’ils avaient une carte à jouer en lui confiant des responsabilités. A force de patience, de culot et d’insistance, elle finit par devenir la protégée d’un des ses prédécesseurs à la justice : Albin Chalandon.

 

Au delà de l’ambition et du carriérisme, on cherche donc les réelles convictions de celle qui figura temporairement sur la liste PS de Michel Rocard aux élections européennes de 1994 … Déjà à l’époque côté PS, elle apparaissait comme une intrigante. Aujourd’hui bientôt écartée du gouvernement pour occuper la deuxième place de la liste UMP des Européennes en Ile de France, elle a cette phrase qui résume complètement le personnage: « On ne va pas de débarrasser pas de moi comme cela »

 

La phrase de la semaine :

«Une grève qui dure, c’est super-épanouissant !» de Olivier Besancenot, actuellement en grève avec ses collègues de la Poste pour obtenir une prime de vie chère.

 

rôme Boué