Martine Aubry rate son Zénith

On peut retourner le problème dans tous les sens, trouver des excuses, user de circonvolutions oratoires et autres subterfuges, il est manifeste qu’en ne rassemblant que 1500 personnes au Zénith, Martine Aubry a bel et bien fait un énorme flop. Le contraste est d’ailleurs saisissant lorsque l’on se souvient que Ségolène Royal avait soulevé l’enthousiasme et fait quasiment salle comble il y a quelques mois. Mais au delà des rivalités de personne et des ambitions individuelles, cette déconvenue met en relief les failles et les dysfonctionnements actuels du PS.

 

Le PS souffre d’un vrai manque de professionnalisme. En effet, malgré les dizaines de millions d’Euros de subventions dont il dispose et plusieurs décennies d’existence, le PS semble être réduit à un parti de collectivités territoriales, incapable de répondre présent lors des grands rendez vous politiques. On l’a vu lors de la campagne présidentielle de Lionel Jospin en 2002, à l’issue de laquelle le candidat apprit, à peine 2 heures avant les résultats officiels du 1er tour, qu’il était battu par Jean Marie Le Pen. On l’a vu également lors de la campagne de Ségolène Royal, trop axée sur la forme et pas assez sur les idées, qui indépendamment du fond, tranchait avec le professionnalisme de la campagne de Nicolas Sarkozy. On le voit encore aujourd’hui avec le meeting manqué du Zenith, indigne d’un grand parti comme le PS.

 

Le Parti souffre par ailleurs d’un problème d’unité, clairement illustré par l’absence de Ségolène Royal au Zenith. En effet, pour être fort, le PS doit bien sûr être soudé et rassembler autour de la personne de Martine Aubry. En réalité, il semble bien que la hache de guerre ne soit pas enterrée. Enfin, le PS souffre de graves carences idéologiques. On l’a vu dans le discours de Martine Aubry qui s’est arrêtée à la critique de Nicolas Sarkozy, en reprenant la vieille rengaine de l’état policier et de la menace des libertés individuelles. Or Martine Aubry, qui aurait du étudier davantage les raisons de l’échec de Ségolène Royal en 2007, devrait savoir que s’attaquer à Nicolas Sarkozy ne fait pas avancer le débat, et peut même être contre productif.

 

Alors que la crise économico financière devrait permettre au PS de s’affirmer sur le terrain des idées, en tranchant avec Nicolas Sarkozy, le discours de Martine Aubry passa à coté de l’essentiel des préoccupations des Français et du débat actuel. La première secrétaire devrait se rappeler qu’en politique il faut cliver, avec une bonne dose de pragmatisme, et une ligne idéologique claire. Or actuellement, le PS cherche encore son logiciel et son positionnement au niveau des idées. Il faut dire qu’Olivier Besancenot, à l’instar de Jean Marie Le Pen en son temps, constitue un handicap certain pour le parti à la rose.

 

Au delà de la personne de Martine Aubry, il semble donc que la vacuité du Zénith soit surtout le signe d’une vacuité idéologique. La France a besoin d’une opposition forte et constructive, et de propositions innovantes, afin de nourrir le débat d’idées. Face à la crise actuelle, force est de constater que la route est encore longue pour Martine Aubry.

 

 

La phrase de la semaine :

 

«Si Martine Aubry était une chanteuse, son producteur l’aurait depuis longtemps remerciée.» de Frédéric Lefebvre, porte parole de l’UMP.