Sans surprise, la version détaillée des comptes nationaux français du quatrième trimestre a confirmé à 0,1 point près la chute du PIB hexagonal. Ainsi, ce dernier a reculé de 1,1 % contre une baisse de 1,2 % annoncée initialement. Cette petite révision n’empêche cependant pas la croissance annuelle d’atteindre 0,7 % sur l’ensemble de l’année 2008 et de commencer l’année 2009 avec un « acquis » de – 0,8 %.
La seule relativement bonne nouvelle de ces chiffres réside dans le fait que la baisse du PIB au quatrième trimestre est essentiellement due à un déstockage massif. Hors stocks, le recul du PIB n’est ainsi « que » de 0,3 %. On se réconforte comme on peut.
Mais, au-delà de ces chiffres du passé et même si le premier trimestre risque d’être presque aussi mauvais (confirmant que la baisse du PIB français devrait avoisiner les 1 % sur l’ensemble de l’année 2009), la véritable nouveauté de ces comptes nationaux réside dans le compte des entreprises non-financières. En effet, focalisée sur les entreprises du Cac 40, l’opinion publique s’applique à s’offusquer des profits encore élevés des entreprises. Les chiffres publiés aujourd’hui nous rappellent que ces profits proviennent surtout des activités réalisées à l’étranger.
Ainsi, dans l’Hexagone, l’excédent brut d’exploitation (dit EBE, c’est-à-dire les profits en langage simple) des sociétés non-financières a baissé de 1,9 % au deuxième trimestre, puis stagné au troisième et enfin chuté de 4,5 % au quatrième. Sur l’ensemble de l’année, ces profits faits en France n’ont ainsi progressé que de 0,7 % A l’évidence, nous sommes loin des entreprises multinationales du Cac 40.
En 2008, le taux de marge (c’est-à-dire l’EBE rapportée à la valeur ajoutée créée) a même baissé d’un point comparativement à 2007, soit un niveau de 30,3 %. Dans le même temps, la part des charges salariales sur la valeur ajoutée est passée de 65,1 % à 65,9 % et la pression fiscale de 26,3 % à 26,9 % (contre encore 25,2 % en 2006).
Autrement dit, même s’il est très pratique de stigmatiser les entreprises et même si, dans certains cas, le comportement de certains dirigeants dépasse les bornes, il ne faut pas oublier que pour la grande majorité des entreprises françaises (rappelons d’ailleurs que 93 % des PME françaises ont moins de dix salariés), les temps sont également difficiles. Et si une telle situation s’éternise, le chômage continuera de flamber.
Pour éviter ce scénario du pire, seul la puissance publique peut intervenir, non pas en critiquant à l’envi les entreprises, mais surtout en baissant la pression fiscale qui pèse non seulement sur ces dernières, mais aussi sur les ménages. Pour ce faire, elle doit tout simplement réduire ses dépenses de fonctionnement (en particulier les salaires et les frais de fonctionnement) qui augmentent de 11,3 milliards d’euros par an depuis 2002 (toutes administrations publiques confondues). Une somme presque aussi choquante que les bonus et les stocks options dont on parle tant aujourd’hui. Car n’oublions pas qu’il s’agit là aussi de l’argent du contribuable…
Marc Touati