France : une consommation en dents de scie.

Le printemps n’a malheureusement duré qu’un mois sur le front de la consommation française. En effet, après la bonne performance de janvier liée aux soldes qui permettait à la France d’être le seul pays développés où la consommation augmentait sur un an, le mois de février a sonné le glas de la résistance française. Ainsi, en reculant de 2 % en février, la consommation en produits manufacturés affiche un glissement annuel de – 2 %. L’exception française n’aura donc duré que quelques mois, la consommation rentrant désormais dans le rang de la morosité internationale.

Pour autant, deux facteurs de relativisation de cette contre-performance doivent être mis en avant. Premièrement, la baisse de la consommation de février est surtout le produit d’un effet de correction de la « fièvre acheteuse » de janvier. Ainsi, après avoir flambé de 4,3 % en janvier, les dépenses en textile-cuir ont chuté de 8,7 % en février. De même, après avoir augmenté de 2,7 % en janvier, la consommation dans l’équipement du logement a reculé de 1,2 %% en février. Ces évolutions en dents de scie rappellent que le prix reste l’argument décisif pour enclencher ou non l’acte de consommation. Ainsi, en phase de soldes ou de promotion, les consommateurs répondent présents et s’absentent des rayons dès que les bonnes affaires ont disparu.

D’ailleurs et deuxièmement, le seul secteur où la consommation continue d’augmenter est l’automobile, c’est-à-dire le seul secteur qui, une fois les soldes passés, continue de profiter de réduction de prix, notamment au travers de la prime gouvernementale.

Dans ce cadre, après avoir déjà augmenté de 2,1 % en décembre, puis de 2,6 % en janvier, les dépenses en automobiles ont encore progressé de 0,2 % en février. Si cette dernière augmentation est modeste, elle confirme néanmoins que la baisse des prix proposée par certains constructeurs, la prime de l’Etat et la baisse des taux d’intérêt produisent bien des effets positifs sur le secteur automobile, qui pourrait donc progressivement passer de l’enfer au purgatoire avant de retrouver le paradis en 2010.

C’est d’ailleurs ce qui ressort de la dernière enquête INSEE dans l’industrie également publiée aujourd’hui. En effet, les perspectives de production dans le secteur automobile sont passées de – 91 en janvier à – 52 en février et à – 16 en mars. Si l’euphorie n’est évidemment pas de mise, l’activité automobile est néanmoins en train de retrouver un plus haut depuis juillet 2008.

Malheureusement, cette embellie automobile n’est pas généralisée à l’ensemble des secteurs. Et pour cause : qu’il s’agisse des biens de consommation, des biens intermédiaires ou des biens d’équipement, les perspectives de production continuent de se dégrader. Seule lueur d’espoir : cette dégradation s’opère à un rythme beaucoup plus modéré que sur les derniers mois.

C’est d’ailleurs ce qui explique la stabilisation du climat des affaires dans l’industrie totale en février. En fait, à l’instar de la consommation des ménages, l’industrie française est en train de toucher le fond aujourd’hui et commencera progressivement à redémarrer à partir de l’été prochain et surtout fin 2009.

Il faut donc se préparer à vivre encore six mois difficiles clairsemés de quelques bonnes nouvelles tout de même avant de retrouver le chemin d’une croissance significative à partir de la fin 2009.

Marc Touati