Le Fonds Monétaire International se veut donneur de leçons. « Il est absolument nécessaire de restructurer le secteur financier », répète à l’envie son directeur, de crainte que le message, après les milliards de pertes subies, les milliers de chômeurs enregistrés, n’ait pas encore bien été compris.
« Nous devons vérifier la viabilité de chacune des banques, au cas par cas. » Souhaitons bon courage à Monsieur Strauss-Kahn. Avec la faillite de Lehman Brothers, il aura toutefois un dossier en moins à éplucher. Mais, il risque d’y passer les nuits du restant de sa vie, sans pour autant accoucher d’une idée suffisamment lumineuse pour changer la face du monde.
« Si une banque est viable, il faut l’aider en lui apportant des fonds publics. Si elle ne l’est pas, il faut l’aider à trouver un repreneur.» Là voilà l’idée : on sauve tout le monde. Et ce sont les Etats qui s’y collent. Non contents de verser des frais bancaires, dont ils ont pu se rendre compte de la lourdeur grâce au nouveau relevé annuel, les contribuables français devront s’acquitter d’impôts supplémentaires, le prix à payer pour alimenter des tuyaux percés. Idem chez l’Oncle Sam.
Le FMI se rêvait en gendarme de la finance mondiale. Cette ambition date des années 1990 et ressemble à un marronnier comme on dit dans la presse, le sempiternel sujet sur lequel on revient. J’y reviens donc. Est-il raisonnable de confier un rôle de régulateur mondial des marchés et des banques à un faiseur de tels discours ?
La candidature du FMI à un tel rôle n’a pas que des atouts. Pour beaucoup, le Fonds n’est rien d’autre que ce « pompier pyromane », qui a aggravé les crises qu’il était censé résoudre en appliquant des remèdes contraignants et trop généralistes pour s’adapter à des maux nationaux. Dans le même discours que cité plus haut, Dominique Strauss-Kahn reconnaissait que « le FMI avait fait des erreurs, de grosses erreurs parfois » mais expliquait qu’ « il serait naïf de croire que les problèmes peuvent être résolus sans douleur ».
Néanmoins, la rancune est encore palpable chez de nombreux pays émergents, qu’ils aient claqué la porte du FMI, mettant à mal les finances de ce dernier, ou qu’ils réclament leur juste place au sein de la direction de l’institution.
Cependant, l’organisation multilatérale reste une des mieux placées pour jeter les bases d’une gouvernance financière mondiale. Le FMI est né avec des attributions de gendarme des taux de change. Et d’aucuns ressusciteraient bien cette mission, comme Washington vis-à-vis du yuan. Toutefois, les questions de change sont devenues moins pressantes que la nécessaire purge du système financier dans son ensemble. Nécessaire mais loin d’être acceptée.
Alexandra Voinchet