Nous ne le répéterons jamais assez : les ménages français sont formidables. En effet, après un « coup de pompe » en décembre, ils défient de nouveau le pessimisme ambiant en reprenant repris le chemin d’une consommation soutenue en janvier. Autrement dit, comme nous l’écrivions il y a environ un mois, les soldes de janvier ont bien été un succès.
Les chiffres sont même assez exceptionnels compte tenu de la morosité affichée un peu partout. Ainsi, sur le seul mois de janvier, la consommation a progressé de 4,7 % dans le textile-cuir, de 3 % pour l’équipement du logement et même de 2,8 % pour l’automobile. En glissement annuel, les performances sont tout aussi enjouées, avec respectivement + 3,3 %, + 5,2 % et + 7,8 %. Le glissement annuel de la consommation en produits manufacturés dans son ensemble repasse même en territoire positif avec un niveau de 1,8 %. A l’évidence, nous sommes très loin des résultats catastrophiques annoncés par l’ensemble de ces secteurs il y a encore quelques semaines.
Bien entendu, il ne faut pas s’emballer et imaginer que la « fièvre acheteuse » est repartie pour longtemps. En fait, la consommation devrait même connaître une traversée du désert jusqu’à l’été prochain, sans pour autant s’écrouler, retrouvant la voie d’une hausse plus vigoureuse pour les soldes d’été.
Cette résistance de la consommation s’explique par trois facteurs principaux. Primo, la baisse des cours énergétiques et des biens alimentaires qui, même si elle n’est pas complètement répercutée sur les prix à la consommation, permet de redonner du pouvoir d’achat aux ménages.
Secundo, compte tenu d’une épargne pléthorique et faiblement rémunérée, les Français commencent à se dire que cette dernière serait mieux utilisée pour profiter de l’instant présent, en deux mots : carpe diem… Dans la dernière enquête INSEE réalisée auprès des ménages et publiée aujourd’hui, ces derniers annoncent d’ailleurs leur intention de réduire leur épargne.
D’ailleurs, si la confiance des ménages a perdu un point en février, elle reste supérieure de 3 points à son niveau d’octobre dernier, confirmant que les Français ne cèdent plus à la panique.
Tertio, la baisse des prix des biens manufacturés constitue un avantage de poids pour soutenir la consommation. En effet, ces dernières années, les prix ont trop augmenté par rapport à la réalité des revenus. La baisse des prix est donc devenue indispensable pour reconstituer le pouvoir d’acheter des ménages.
C’est également ce mouvement qui prévaut sur le front de l’immobilier. En effet, comme vient de le confirmer le nouveau plongeon des mises en chantier, les prix des logements ont trop augmenté par rapport aux revenus. Dès lors, le dégonflement de la bulle immobilière était également devenu inévitable. De la sorte, les prix des logements anciens devraient baisser de l’ordre de 20 % d’ici 2010. Cela permettra alors de restaurer la demande de logements neufs qui est aujourd’hui sur des plus bas historiques.
On l’oublie trop souvent, mais lorsqu’elle vient corriger des excès, la baisse des prix n’est pas forcément un handicap. Il faut simplement qu’elle ne dure pas trop longtemps.
Marc Touati