Faut- il nationaliser les banques françaises ?

Récemment, nos principaux partenaires ont procédé à des nationalisations totales ou partielles de certaines de leurs banques, les plus touchées par la crise financière. Ainsi les Etats – Unis ont nationalisé Freddie Mac et Fannie Mae, les deux organismes de financement hypothécaire ; les britanniques ont pris une participation majoritaire dans Royal bank of Scotland, Lloyds TSB et HBOS (ces deux derniers étant condamnés à se marier) après avoir nationalisé Northern Rock ; les allemands sont venus au secours d’HypoRealestate. Quant à Dexia, ce sont les Etats français et belges qui sont venus à son chevet.

 

Faut- il aller plus loin et nationaliser nos grandes banques, comme l’avaient fait les Suédois en 1992, lors de la crise financière qui les avait frappés ?

Notons d’abord que la Suède n’avait recouru à cette solution que « provisoirement », la reprivatisation de ses banques ayant été engagée assez rapidement et sans que l’Etat scandinave ne subisse de dégâts majeurs.

En France, c’est une autre histoire, dans la mesure où le souvenir des pertes abyssales du Crédit Lyonnais, subies par cette banque au temps où elle était la propriété de l’Etat, est encore dans toutes les mémoires.

 

Il est donc souhaitable que les prises de participation que l’Etat prendrait dans nos banques restent minoritaires dans la mesure du possible. L’Etat a déjà procédé à des versements, mais uniquement à travers des instruments de « quasi-fonds propres », qui sont assimilés à des fonds propres, du point de vue des ratios de solvabilité, mais ne donnent pas lieu à des droits de vote, donc à un pouvoir décisionnel. Il est probable et je dirais souhaitable, que la prochaine intervention se fasse sous la forme de « fonds propres réels » avec des droits de vote en contrepartie.

Ceux-ci devraient alors être exercés dans deux directions : limitation des avantages financiers concédés aux dirigeants et surveillance des activités de financement de l’économie. Sur le premier point, l’Etat va devoir suppléer à l’action des conseils d’administration des banques françaises accusés parfois de laxisme vis-à-vis de leurs dirigeants (cf. le reproche de « connivence » souvent évoqué à l’occasion de « pertes de marché » jugées anormales).

 Sur le second point, l’Etat doit s’assurer que les forces économiques vives de la nation ne « paient pas » pour les erreurs commises par les banques dans leurs opérations de marché et que celles-ci continuent d’approvisionner l’économie française en financements nécessaires. Enfin, dernier point, les banques ne doivent pas sanctionner leurs actionnaires, en les privant de dividendes, car ceux-ci ont déjà subi des pertes de plus de 45% de leur capital et ils peuvent s’avérer incontournables lorsqu’il faudra « reprivatiser les banques ».

 

Pour compléter cette analyse,  il faut également mentionner le secteur automobile, mais à  travers ses institutions financières, c’est-à-dire les organismes de crédit automobile.

Si l’industrie automobile française a de gros efforts à fournir dans les prochaines années pour améliorer son positionnement international et procéder aux innovations incontournables dictées par le développement durable(les véhicules électriques par exemple), il ne faut pas oublier le court terme, en s’efforçant de financer les achats des clients.

Et là aussi, l’Etat, à travers le refinancement de ces établissements de crédit spécialisé, a un rôle important à jouer.

 

 

                                                                                                                 Bernard MAROIS

                                                                                              Président

                                                                                                                 Club Finance HEC