Alors que les rumeurs d’un prochain remaniement ministériel qui relancerait l’ouverture à gauche se font de plus en plus pressantes, le débat sur cette stratégie redevient d’actualité. Nicolas Sarkozy a fait une campagne que l’on pourrait qualifier de clivante, c’est à dire qu’il a restauré la frontière gauche droite qui avait perdu une grande partie de sa substance dans les pays occidentaux depuis la chute du mur de Berlin.
Subtilité de sa campagne, l’actuel Président tenta de s’approprier certaines valeurs de gauche en citant régulièrement Jaurès afin d’attirer les classes dites populaires. A l’instar de Valery Giscard d’Estaing qui en son temps tança François Mitterrand par son célèbre « vous n’avez pas le monopole du cœur », Nicolas Sarkozy fit valoir que la gauche n’avait pas le monopole de Jaurès.
Après avoir gagné haut la main l’élection présidentielle, le Président mit en place une stratégie d’ouverture qui aboutit à l’entrée de personnalités de gauche à hauteur de 15 % du gouvernement. Officiellement rassembleur et ouvert, le Président se targuait de faire bouger les lignes et de prendre les bonnes idées là où elles étaient. En réalité, le redoutable animal politique qu’est Nicolas Sarkozy cherchait surtout à affaiblir le PS et à gommer l’image de sectarisme qui lui collait à la peau.
Toutefois, force est de constater que le bilan cette stratégie ne pourrait in fine être considéré comme un succès. Tout d’abord, les gains en matière électorale n’ont pas été probants ; ensuite, les fameux « pourvoyeurs d’idées » à gauche n’ont pas été très féconds si ce n’est Martin Hirsch avec son RSA. La grande mesure « de gauche » prise par le gouvernement Sarkozy permettant au président de contre balancer son paquet fiscal considéré comme un cadeau aux riches.
A l’aube de l’acte II de l’ouverture pressentie pour janvier 2009, il est opportun de s’intéresser aux limites de cette stratégie. Tout d’abord, elle jette le trouble à l’intérieur du gouvernement et fait grincer des dents les élus de l’UMP. Mais surtout, elle brouille les repaires des électeurs les plus conservateurs. En effet, après une campagne à droite, Nicolas Sarkozy semble avoir fait feu de tout bois en jouant sur l’image et les symboles au détriment des compétences voire des convictions.
A propos de convictions, celui qui affirma « qu’après faire Président », il souhaitait « faire de l’argent », devra encore démontrer qu’il sait transcender les intérêts partisans et ne pas faire de l’ouverture un gadget électoral. En effet, et bien que le vocable soit tabou au gouvernement, la France traverse sa plus grave récession depuis les années 70. Ouvrir le gouvernement à des personnalités qui ne sont pas de droite est peut être nécessaire, à condition qu’elles aient une réelle valeur ajoutée. A suivre …
La phrase de la semaine :
«Mon travail consistera à m’assurer, comme on dit au service militaire, que les missions sont exécutées » de Patrick Devedjan, Ministre de la Relance, à propos de sa feuille de route
Jérôme Boué