Alors que l’ensemble de l’Europe sombre dans la récession,
Grâce à ce coup de baguette magique, Madame Lagarde va donc pouvoir surfer sur la vague de la morosité en annonçant que, techniquement,
Bien entendu, pour nous qui faisons partie des plus optimistes sur la croissance française pour cette année et 2009, cette surprise reste une bonne nouvelle.
Néanmoins, elle doit être largement relativisée. Tout d’abord parce qu’en dépit du petit rebond du troisième trimestre, le PIB reste encore inférieur de 0,2 % à son niveau du premier trimestre. Ensuite, en atteignant 0,6 % au troisième trimestre, le glissement annuel du PIB se situe à un plus bas depuis le deuxième trimestre 2003.
De plus, même si elles sont en légère amélioration par rapport au deuxième trimestre, les variations de la consommation et de l’investissement demeurent très faibles (respectivement + 0,2 % et – 0,3 %)
En outre, le léger mieux du troisième trimestre ne présage en rien d’une nouvelle amélioration au quatrième trimestre. Et pour cause : l’ensemble des indicateurs avancés de l’activité (dans l’industrie, les services et la construction) font état d’une nette dégradation.
A ce sujet, l’enquête de l’INSSE sur l’investissement publiée également aujourd’hui indique que les industriels français anticipent une baisse de 3 % de leurs investissements en valeurs pour 2009. En d’autres termes, tout excès d’euphorie sur la surprise et l’exception française du troisième trimestre serait particulièrement déplacé.
Enfin, il ne faut pas oublier que l’augmentation du PIB n’est pas une fin en soi. En effet, le but de la croissance est avant tout de créer des emplois. Et c’est là où la petite hausse du PIB du troisième trimestre pose problème, car elle n’a pas empêché l’emploi de se contracter. Ainsi, après avoir déjà reculé de 0,2 % au deuxième trimestre, l’emploi salarié a encore baissé de 0,1 % au troisième trimestre.
Pis, si jusqu’à récemment, la baisse de l’emploi s’observait principalement dans l’industrie, elle est également visible dans les services pour le deuxième trimestre consécutif.
Si la récession technique n’est donc pas encore observable dans les chiffres du PIB, elle l’est donc déjà bien entamée au niveau de l’emploi, donc dans la réalité concrète des Français. C’est en cela que s’il ne faut certainement pas céder au pessimisme noir, il n’est pas possible de dire aux Français que la récession n’est qu’une invention car ils la vivent au quotidien depuis le printemps dernier.
Marc Touati