Déjà structurellement animés par le mimétisme et l’exubérance irrationnelle, les marchés sont en train de devenir masochistes. Ainsi, depuis un peu plus d’un an, ils ne pensent qu’à une seule chose : se faire mal, de plus en plus mal. Ce comportement destructeur a, il est vrai, atteint un nouveau paroxysme depuis le 15 septembre dernier et la faillite de Lehman Brothers.
Et pour cause : les autorités publiques américaines ont montré à ce moment là que, elles aussi, étaient habitées par la même volonté de se flageller, car il est clair qu’en prenant le risque, non préparé, de la faillite de la quatrième banque d’affaires américaine, le gouvernement Bush signait le début d’une grave crise économico-financière et ce faisant, ouvrait un boulevard à Barak Obama pour la victoire à
Par la suite, le vote de la deuxième version de ce même plan, puis le plan de sauvegarde bancaire européen n’allaient permettre de relancer les marchés actions à la hausse que temporairement. En fait, le ressort était cassé : les investisseurs sont pessimistes au plus haut point et ils ne veulent rien entendre d’autre. A la rigueur, les plans de sauvegarde, les baisses des taux directeurs des banques centrales… restent simplement des occasions de faire des coups sur une ou quelques journées avant de revendre de plus belle et ainsi de suite.
Il faut dire que les rares investisseurs qui osent encore regarder la bourse ne sont quasiment plus que des fonds spéculatifs dont l’horizon de placement ne dépasse pas les 48 heures. Dans ce cadre, il est évidemment difficile d’inverser une tendance baissière qui dure depuis plus d’un an et s’est accélérée au cours du dernier mois.
En outre, il faut reconnaître que les actualités économiques et financières ont de quoi alimenter cette spirale suicidaire. Ainsi, à peine après avoir appris que les banques américaines et européennes étaient sauvées, les marchés ont très vite oublié ce qui leur faisait si peur quelques jours plus tôt pour découvrir avec stupeur que la récession était aux portes de
Surtout lorsque l’on sait que la zone euro est déjà en récession depuis le printemps dernier et que les Etats-Unis lui ont échappé uniquement grâce à la baisse des taux directeurs de
En ce qui nous concerne, plutôt que de broyer du noir, nous préférons regarder un peu plus loin. Histoire de nous rappeler que la vie ne s’arrête pas chaque jour à la clôture de
En fait, selon le Fed model (c’est-à-dire le niveau d’équilibre des indices boursiers en fonction des résultats prévisibles et des taux d’intérêt), le niveau actuel du Dow Jones ou encore du Cac 40 annonce une baisse des bénéfices par action de respectivement 55 % et 65 % dès 2008. Si cela n’est pas une récession, qu’est-ce alors ? Autrement dit, la récession actuelle est déjà « pricée » dans les cours boursiers.
A l’inverse, les niveaux actuels des indices boursiers n’intègrent nullement un baril à 75 dollars, un euro à 1,35 dollar, les plans de sauvetage des banques, la faiblesse des taux d’intérêt et encore moins le fait que de nombreuses entreprises voient leur capitalisation boursière devenir inférieure à la valeur de leurs fonds propres. Sur le Cac 40 par exemple, c’est le cas pour la moitié des entreprises. La dernière fois qu’une telle déconnexion a été observée remonte au début
Enfin, rappelons que les niveaux actuels des indices boursiers n’intègrent en rien la révolution technologique qui est en train de prendre forme sous nos yeux, en l’occurrence celle des Nouvelles Technologiques de l’Energie. A l’évidence, celle-ci apportera son lot de croissance, d’emploi et de désinflation qui permettra forcément de relancer les marchés boursiers en 2009.
Bien entendu, il ne s’agit pas pour nous d’annoncer que les marchés boursiers vont rebondir dans des proportions similaires à 2003. D’ailleurs, faire des prévisions boursières sur la base des fondamentaux économiques n’a actuellement aucun sens. Un peu comme il était vain en juin dernier d’annoncer, comme nous le faisions, que les cours du baril et de l’euro/dollar allaient inévitablement baisser. Personne ne voulait écouter. Et pourtant… Voilà pourquoi l’économiste n’a pas le droit de faire des prévisions sur l’évolution de la spéculation, mais doit se contenter de rappeler la réalité des fondamentaux vers laquelle les marchés finissent toujours par converger.
What else ? Just a coffee please…