Aux grands maux les grands discours !! Face à l’ampleur de la crise financière et aux inquiétudes des Français, Nicolas Sarkozy a sorti le grand jeu. Morceaux choisis: «La crise financière n’est pas une crise du capitalisme mais une crise d’un système qui s’est éloigné des valeurs les plus fondamentales du capitalisme, et qui en quelque sorte a trahi le capitalisme et l’économie de marché », « J’ai la certitude que nous pouvons refonder le capitalisme » ou encore « Au capitalisme financier il faut opposer le capitalisme des entrepreneurs » (comme le cholestérol, il y a le bon et le mauvais …). Alarmiste sur la gravité du diagnostic, le très étatiste discours du Président porte la marque de fabrique d’Henri Guaino. Nicolas Sarkozy avait pour principal objectif de rassurer les Français inquiets pour leur avenir tout en leur tenant un langage de vérité: N’ayez pas peur, Super Sarko veille sur vous et vos économies seront bien gardées.
Le Président s’est bien gardé d’opter pour une confrontation directe avec des économistes puisqu’il a choisi la formule « meeting de campagne » , faisant lui-même les questions et les réponses. Comme toujours, il fut brillant sur la forme, éloquent, sûr de lui, parfois emphatique mais au détriment du fond. Avec son discours à la fois gaulliste et social – « Parisot Strauss Kahno écolo » comme l’a défini Olivier Duhamel – Nicolas Sarkozy comptait probablement couper l’herbe sous les pieds de la gauche par une attaque en règle du capitalisme financier. Il a ensuite retrouvé les accents de Premier flic de France en condamnant et fustigeant les « responsables » avec des formules toutes faites, car il faut bien désigner un coupable … Mais le Président devrait se rappeler qu’il n’est plus place Beauvau et qu’on ne gère pas les affaires économiques de la nation comme on traite l’ordre publique . En effet, en économie et en finance il y a des règles, des cycles et les purges sont parfois nécessaires. Attention de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain en voulant refonder tout le système…
Nicolas Sarkozy s’appuie sur la crise financière pour masquer les erreurs de sa politique économique noyées dans le marasme financier actuel. Force est de constater que face à l’ampleur de la crise, le Président ne change pas sa politique économique et continue son programme de réformes. Avec les chiffres du chômage qui viennent de tomber (+ 41 000 demandeurs d’emploi en août) tous les clignotants de l’économie sont désormais au rouge , les déficits explosent , la dette se creuse et notre système social et de redistribution s’essouffle. Le tout dans un monde globalisé qui traverse sa plus grave crise financière depuis 1929.
Face à cette situation exceptionnelle, aucun changement de cap, sans compter que les promesses de campagne ne sont pas prêtes d’être tenues (adieu la baisse de 4 points de la part des prélèvements obligatoires dans le PIB qui bloque notre compétitivité et notre croissance structurelle , adieu le « Président du pouvoir d’achat » qui irait chercher la « croissance avec les dents »). Au plus fort de la crise, l’illusionnisme économique est de retour à grand renfort d’éloquence et de volontarisme. Il est certes important de restaurer la confiance et de rassurer mais il est totalement erroné d’accabler la conjoncture économique mondiale sans esquisser l’ombre d’une remise en cause en matière de politique économique.
A son crédit, le Président a hérité de 30 ans de laxisme budgétaire, il doit composer avec une politique monétaire fort peu accommodante et une crise internationale majeure ce qui limite considérablement ses marges de manœuvre. Mais contrairement à l’opinion dominante, elles sont plus importantes qu’on ne le croit, notamment concernant les dépenses publiques .Dans la situation actuelle il faut un vrai électrochoc à
La phrase de la semaine :
« Bâtir toute une théorie sur l’opposition du capitalisme financier et du capitalisme d’entrepreneur à l’époque du CAC 40, c’est l’économie pour le CP ou la petite section à couche culotte chère à Xavier Darcos ». De Michel Field sur LCI.
Jérôme Boué