Récession, faillite bancaire en Europe : il faut réagir vite !

Par charité, nous ne reviendrons pas sur l’augmentation du taux refi de juillet dernier, la réalité parle d’elle-même : la récession s’aggrave dans la zone euro, le système financier eurolandais est fragilisé, l’inflation se replie et le chômage augmente, confirmant par là même que les augmentations salariales seront limitées et que les fameux effets de second tour tant annoncés par la BCE n’auront pas lieu.

Malheureusement, l’erreur est humaine, nous en faisons tous et il ne sert à rien de regarder en arrière.

En revanche, il faut désormais tout faire pour, enfin, regarder vers l’avenir et éviter que la crise financière mondiale devienne une crise économique européenne.

Car, même si les Etats-Unis ne connaîtront pas une croissance formidable à court terme, la baisse des taux de la Fed et le plan Paulson devraient permettre d’éviter le pire.

A l’inverse, dans la mesure où les autorités monétaires et politiques eurolandaises n’ont cessé de nous dire que tout allait parfaitement bien et que la zone euro ne connaîtrait ni faillite bancaire ni récession, elles n’ont pas fait grand chose pour améliorer la situation. Or, cette dernière est désormais en péril et l’inaction, qui était déjà irresponsable il y a six mois, devient aujourd’hui suicidaire.

Et ce d’autant que la dernière enquête de la Commission Européenne sur l’activité économique de la zone euro est sans appel : non seulement la zone euro est en récession, mais surtout, cette dernière est en train de s’aggraver et d’atteindre des proportions inégalées depuis la récession de 1993.

Ainsi, en septembre, l’indice de sentiment économique, indicateur avancé de l’évolution du PIB, a enregistré sa quinzième baisse mensuelle en seize mois. A 87,7, il atteint désormais un plus bas depuis novembre 2001. Et en dehors de ce dernier qui était directement lié aux attentats du 11 septembre, il faut remonter à 1993 et janvier 1994, c’est-à-dire lors de la dernière récession européenne, pour retrouver des niveaux encore plus bas.

Alors, que faut-il faire ? Bien sûr, trouver les coupables et les punir assouvira les rancœurs et les soifs de vengeance. Néanmoins, à compter que cela soit possible (ce qui est loin d’être évident), cette chasse aux sorcières ne résoudra en rien la crise actuelle.

Il faut donc avant tout éteindre l’incendie. Et pour ce faire, il n’y a pas trente-six solutions, mais deux. D’une part, baisser le taux refi, de manière à retrouver une courbe des taux normale (alors qu’elle est inversée depuis neuf mois, c’est-à-dire que les taux courts sont supérieurs aux taux longs). De la sorte, les banques eurolandaises pourront sortir la tête de l’eau et refaire leur métier de transformation sans trop de difficultés. Ce geste serait d’ailleurs légitimé par trois mobiles : la désinflation, la récession et le sauvetage du système financier, sachant que la BCE a aussi une mission de stabilité de ce dernier…

D’autre part, il faut que les gouvernements de la zone euro, voire de l’Union européenne, se mettent d’accord sur un plan de sauvegarde (voire de sauvetage si le massacre continue…) des systèmes financiers et économiques de leur zone.

Dans ce cadre, ils pourront rassurer les marchés sur leurs intentions et restaurer une confiance qui fait actuellement tant défaut.

Cessons donc nos querelles du passé et mettons un terme au dogmatisme : l’heure est grave et plus les remèdes tarderont, plus il sera long et difficile de sortir de la crise.

Marc Touati