Si la baisse de 0,2 % du PIB de la zone euro au deuxième trimestre était déjà connue et vient donc d’être confirmée, le détail des comptes nationaux et la nouvelle baisse des ventes au détail en juillet ajoutent un niveau supplémentaire sur l’échelle de la récession que connaît actuellement l’Euroland.
En effet, au cours du deuxième trimestre, tous les postes clés de la demande enregistrent une baisse notable. A commencer par l’investissement, qui chute de 1,5 %. Parallèlement, après avoir résisté tant bien que mal depuis trois trimestres, les exportations ont baissé de 0,4 %. Enfin, après avoir déjà stagné au premier trimestre, la consommation des ménages recule de 0,2 % au deuxième. En d’autres termes, le PIB n’évite la catastrophe que grâce à l’augmentation de 0,5 % de la consommation publique et à la baisse de 0,4 % des importations.
C’est dire combien nous sommes loin de l’inversion de tendance. Et ce d’autant que les indicateurs avancés de la croissance sont tous dans le rouge. Ainsi, la nouvelle baisse de l’indice de sentiment économique en août (cf. Economie et Stratégie du 29/08) et le recul de l’indice composite des directeurs d’achat dans l’industrie et les services sous la barre des 50 depuis trois mois montrent que l’investissement et les embauches des entreprises vont continuer de se dégrader. Cela ne manquera évidemment pas de peser sur le revenu et les dépenses des ménages. C’est d’ailleurs ce que vient encore de confirmer la nouvelle baisse de 0,4 % des ventes au détail en juillet. Pis, cette régression intervient après une chute de 0,9 % en juin.
Déjà en berne et comme le montre le graphique ci-dessus, la consommation des ménages va donc encore fortement souffrir au troisième et au quatrième trimestre. Dans la mesure où celle-ci représente 57 % du PIB de la zone et où la part de l’investissement dans ce dernier atteint 22 %, il est clair que l’activité eurolandaise ne pourra compter éternellement sur la consommation publique, la baisse des importations et la formation de stocks pour éviter le pire.
Autrement dit, le PIB eurolandais devrait reculer au cours du second semestre. Disposant d’un acquis de 1,2 % au sortir du premier semestre, il est donc clair que la croissance annuelle moyenne de la zone euro sera d’environ 1,3 % cette année. Dans ce cadre, le taux de chômage devrait retrouver le chemin de la hausse, alimentant le cercle pernicieux de récession décroissance-désinvestissement-licenciements. Dès lors, la croissance eurolandaise devrait également avoisiner les 1,3 % en 2009.
En fait, la seule bonne nouvelle de ces tristes évolutions réside dans l’amplification de la baisse de l’euro qui permettra à l’activité eurolandaise de redémarrer progressivement à partir du printemps 2009. Que de temps perdu !
Enfin, rappelons que la récession ne rime pas forcément avec déprime boursière. Bien au contraire d’ailleurs puisque tant en 1993 qu’en 2003, la baisse de l’activité eurolandaise a été de pair avec le rebond des indices boursiers européens et notamment français. Celui-ci sera notamment favorisé par la baisse des taux d’intérêt (à court et long termes) ainsi que par la baisse de l’euro et la reprise, certes progressive, de l’économie américaine.
Marc Touati